« Une chose qui continue de me surprendre est la manière dont les marchés réagissent au ralentissement à venir de l’Allemagne », écrit Steen Jakobsen, économiste en chef de Saxo Bank, dans un email à notre rédaction.
« Personne ne semble croire que l’économie allemande se ralentit, bien que le pays se soit heurté à 4 changements macro-économiques extrêmement négatifs au cours des 12 derniers mois. Le ralentissement est déjà un fait (voir le tableau de Bloomberg, ci-après) :
- Les réformes économiques en Chine vont rogner le volume des exportations allemandes.
- L’Allemagne a adopté la stratégie de l’énergie la plus chère d’Europe – le pays a échangé sa dépendance à l’énergie nucléaire contre une dépendance au gaz russe.
- La crise en Ukraine. Selon l’Association allemande des grossistes, du Commerce extérieur et des Services (BGA) quelque 6.200 entreprises allemandes font du commerce avec la Russie.
- La dévaluation à venir du yuan chinois va considérablement augmenter les importations en provenance de la Chine.
- Si le passé est une indication de l’avenir, alors au cours des prochains trimestres, l’économie allemande va flirter avec une croissance zéro ».
Ce ralentissement défie déjà la logique, dit Jakobsen.
« Le pays est trop dépendant de l’Asie pour accroître ses volumes d’exportation et trop dépendant de la Russie pour son énergie, deux facteurs qui pourraient entraîner une autre surprise très désagréable vers la fin 2014.
Avec 6 200 entreprises allemandes actives en Russie et 300.000 emplois allemands qui dépendent des exportations vers la Russie, l’Allemagne est le 11ème marché pour les exportations russes et le 7ème pour les importations. L’Allemagne importe 70% de son énergie et plus de 25% de ce qui vient de Russie, un élément qui a affaibli de façon dramatique la position de Merkel dans les affaires internationales.
L’Europe et l’Allemagne sont en train de payer le prix pour le fait qu’elles sont déficientes sur le plan énergétique. Un sujet qui pourrait être mieux placé sur l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’UE.
Au lieu de cela, c’est la fête de la fin de la crise. Le roi est mort, vive le roi ... »
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