Le 13 mai 2013, à Husby, un homme armé se retranche dans son appartement après avoir menacé des passants avec une arme blanche. Lorsque les policiers interviennent il brandit contre eux une machette et est abattu. La petite ville de Husby, dans la banlieue de Stockholm, est un exemple parfait de ces ghettos européens qui se sont multipliés ces dernières années au cœur de l’Europe : 85 % de ces 12 000 habitants y sont d’origine étrangère. La ville comprend 110 nationalités différentes et le taux de chômage de la ville atteint 16 % (30 % pour les jeunes) contre 6 % au niveau national.
Suite à cet incident la ville connaîtra ses premières émeutes urbaines, qui frapperont les quartiers les plus déshérités de la capitale, Husby, bien sûr, mais également Rinkeby ou encore Skärholmen. Ces émeutes urbaines s’étendront même provisoirement à d’autres villes du pays comme Uppsala, d’Örebro ou encore Linköping. Bilan des troubles : cent cinquante véhicules brûlés, des dizaines de bâtiments incendiés, dont des écoles et des commissariats et de nombreux policiers blessés par des jets de pierres au cours de véritables traquenards tendus par les jeunes émeutiers.
Alors que le calme relatif est revenu en cette fin mai, la Suède a la gueule de bois et comme la France, la Belgique ou l’Angleterre, découvre qu’avec 14,7 % d’immigrés et 19 % d’habitants d’origine étrangère (étrangers ou nés de mariages mixtes), le pays fait face a un cruel problème identitaire et d’intégration tant culturelle qu’économique d’une partie de sa population. Le problème de l’immigration en Suède est pourtant bien plus récent que dans d’autres pays Européens, et le début de l’immigration massive date en fait des années 90, lorsque le pays a accueilli par esprit humanitaire des vagues d’immigrés venant de régions du monde en guerre, par exemple de l’ex-Yougoslavie, d’Irak, d’Afghanistan, du Kurdistan ou encore de Somalie.
En une quinzaine d’années seulement le déclassement des « banlieues » est apparu comme ailleurs en Europe de l’Ouest, et l’échec scolaire dans les banlieues peuplées d’immigrés est un problème d’une telle ampleur qu’il a été immédiatement connecté à ces émeutes. Il est qualifié de réelle bombe à retardement et a fait l’objet d’un débat au Parlement ce 31 mai 2013.
Le problème est d’autant plus grave que selon les statistiques officielles 79 % des dépenses de protection sociale de l’État suédois sont attribuées aux 15 % de résidents suédois nés à l’étranger. On est bien loin du modèle équitable scandinave tant vanté ci et là ! La Suède est en effet souvent présentée comme l’un des pays au monde où il fait « bon vivre », bien devant la France ou l’Italie, et au même niveau, par exemple, que l’Australie. Mais le pays ne semble désormais plus à l’abri des maux européens et notamment du problème de l’intégration durable des populations issues de l’environnement culturel de l’étranger lointain, pour reprendre une formulation en vigueur en Russie.
La crise économique sévère et durable que connaît le Vieux Continent, couplé à des politiques migratoires nationales irrationnelles alors que les taux de chômage dans de nombreux territoires sont déjà astronomiques, présente un risque colossal. La crise ne devrait sans doute en effet qu’accroître le fossé entre les diverses catégories de population et inévitablement entre les « autochtones » et « les immigrés », incluant nombre de Suédois de la première génération.
Les flambées de violence et les énormes difficultés d’intégration qu’ont connues les nations d’Europe de l’Ouest durant cette dernière décennie incitent à se demander si l’Europe sera capable de survivre à la transformation profonde qu’elle traverse depuis moins d’un demi-siècle.
Il semble de plus en plus évident que non seulement le multiculturalisme ne fonctionne pas et nulle part mais surtout que les capacités d’intégration de la plupart des pays européens sont visiblement épuisées. Nos politiques, en France, en Angleterre, en Belgique ou encore en Suède en sont-ils eux bien conscients ?