Les modèles de développement de l’économie russe et l’impact de la crise ukrainienne
La question du modèle de développement que la Russie pourrait suivre dans les années qui viennent est maintenant ouvertement posée par l’évolution du contexte international. Mais, ceci masque peut-être des changements qui étaient déjà à l’ordre du jour depuis 2011. De ce point de vue, la crise en Ukraine accélère mais ne modifie pas, des changements importants que l’on pouvait remarquer ces dernières années.
Le jeu des sanctions et des contre-sanctions risque de se prolonger. Même si ces sanctions et ces contre-sanctions peuvent rester limitées on peut d’ores et déjà se demander si elles n’ont pas provoqué un changement important dans la perception du monde pour le gouvernement mais aussi les élites russes. Ce changement se traduirait par l’idée que la Russie doit s’écarter des pays occidentaux et chercher son avenir vers l’Asie.
I . Les modèles de développement de la Russie.
La Russie, depuis la crise financière de l’été 1998 et les années 1998-2000 s’est inscrite dans un modèle de développement mixte et complexe, basé certes sur les exportations de matières premières mais avec une réelle volonté de sauver son outil industriel (Durand 2008, 2007 A, Sapir 2008A, 2007). Ce choix résulte de politiques qui ont été mises en œuvre avec relativement de constance depuis 2000. Ce choix est en apparence contradictoire, et l’on sait bien que le « syndrome hollandais » est un obstacle formidable au développement d’une économie manufacturière (Sachs et Warner, 1995, Krugman 1987, Buiter et Purvis, 1983). En effet, les exportations de matières premières et de produits de base engendrent une balance commerciale fortement positive, ce qui se traduit par une tendance à la hausse du taux de change réel et qui induit un risque de perte de compétitivité dans le secteur manufacturier (El Alaoui, F. et Slim A 2006). Ce dernier aurait besoin, en théorie, d’un taux de change fortement déprécié pour garantir sa compétitivité tant interne qu’externe.
Le taux de change réel matérialise alors la contradiction entre la dynamique économique résultant de l’exportation des matières premières et celle qui découle des besoins du secteur industriel (Balazs E, (2005)). De ce point de vue, les modes de gestion du taux de change, et la libéralisation, plus ou moins grande, des mouvements de capitaux sont un bon indicateur des choix qui ont été faits, ou pas faits, en ce domaine (Clément-Pitiot 2011, Sapir 2008B). La décision de lever les dernières restrictions sur les mouvements de capitaux a été prise en 2006. Elle ne fut pas remise en cause avec la crise de 2008-2009. Il faut ici signaler que si certains auteurs n’hésitent pas à classer la Russie dans les pays souffrant du « syndrome hollandais » (Sachs et Warner, 2001), d’autres sont beaucoup plus circonspects (Oomes N et Kalcheva K., 2007). Ceci traduit en réalité la dimension « mixte » du modèle de développement russe et les effets de la politique volontariste adoptée par le gouvernement.
Lire l’intégralité de l’article sur russeurope.hypotheses.org