Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi la construction de « Force de Sibérie », un premier gazoduc vers la Chine qui doit à terme permettre de fournir toute l’Asie en gaz russe. L’intention de Moscou de diversifier les débouchés pour son gaz a de fortes chances de changer la donne sur le marché.
La construction de ce gazoduc qui parcourra 4 000 kilomètres, s’inscrit dans le cadre du contrat estimé à 400 milliards de dollars signé en mai dernier par le groupe public Gazprom et la société chinoise CNPC et qui doit permettre à la Russie d’exporter près de 38 milliards de mètres-cubes de gaz par an dès 2018.
Cet intérêt mutuel des deux pays est facile à comprendre.La Chine a d’énormes besoins en gaz malgré ses propres réserves, des besoins estimés à 20 milliards de mètres-cubes par an. La Russie de son côté cherche à s’affranchir de sa dépendance de l’Union européenne et des pays de l’ex-URSS qui lui achètent près de 80 % de ses exportations de gaz. En plus de la Chine, Vladimir Poutine espère que « Force de Sibérie » permettra au gaz russe d’atteindre le Japon, la Corée et même l’Inde qui pourrait devenir dans les prochaines années l’un des plus gros consommateurs au monde de ressources énergétiques. Un deuxième contrat gazier entre les deux pays serait déjà en discussion entre la Chine et la Russie et devrait aboutir à la construction d’un second gazoduc, Altaï.
La Russie accélère l’ouverture de nouveaux marchés pour son gaz au vu de l’aggravation de la crise ukrainienne. L’UE, qui a approuvé la semaine dernière de nouvelles sanctions contre la Russie, ne donne pas encore de signes d’inquiétude sur la stratégie russe Russie et UE sont actuellement trop dépendantes l’une de l’autre pour qu’un changement trop brutal du commerce de gaz soit possible.