L’ancien conseiller de Carter – président qui, il faut l’avouer, ne plaisait pas aux leaders israéliens et se vit préférer par eux Reagan – Zbigniew Brzezinski a parlé, à Russia Today, le 29 novembre, comme un vrai Varsovien, grommelant contre Israël, l’entité sioniste s’entend, et confiant son sentiment patriotique US à la Russie, autrefois régente du duché varsovien, maitresse de la Pologne pour apaiser les factions du pays, et aussi détestée que proche, à la façon de tout voisinage.
Il faut, assure le stratège dont la politique fit tomber l’Union soviétique par sa préparation de la guerre funeste d’Afghanistan, que les USA suivent leur propre politique et non pas celle de Tel-Aviv, et, usant d’une charmante métaphore, ne marchent pas à la traîne, comme des porteurs de bagages militaires, à la façon d’un mulet !
Tout ceci ne peut qu’être applaudi mondialement. Et cependant, ne sommes nous pas dans l’illusion extrême, quand l’entité sioniste est ainsi représentée comme une réalité proprement orientale, enfant gâté de l’Amérique, qui ferait des caprices aussi insupportables que de lancer ses fusées ou ses chasseurs bombardiers, au prochain mois de janvier, comme il se murmure, contre la république islamique d’Iran ?
Pareille présentation a de quoi séduire non les sens, mais la raison, en lui faisant croire que l’on a enfin compris le caractère parasitaire d’un État accroché à la puissante Amérique. Or, s’il y a de la vérité dans l’idée médiévale que la plus grande ruse du Diable est de persuader qu’il n’existe pas, il y a encore plus d’évidence dans celle que pareil État n’a aucune existence en soi, et que son cerveau, son moteur et la véritable régénérescence de son activité, sa structure est bien hors d’orient, au cœur même de l’Américanisme ; il est vain de chercher à mesurer le temps de survie de l’État proclamé par le fils d’un avocat sioniste polonais, car sa volonté de vivre n’est pas palestinienne ou autre, mais, en paraphrasant une réponse du Persan de Montesquieu « partout où il y a de l’argent ».
Car le Sionisme n’est pas une religion, une spiritualité, une nationalisme historique ou une affirmation raciale, ethnique, un mouvement réactif d’une population orientale longtemps opprimée par des Empires et retournant chez ses aïeux ! C’est ce que dit le sionisme chrétien, par exemple, vivace au 19ème siècle et qui a tant fait pour pousser l’Angleterre et son ancienne colonie à pousser les Juifs vers l’Orient, au besoin avec des accents antijuifs classiques, comme ceux de Churchill dans l’article du Times où il espère que le sionisme calmera l’ardeur révolutionnaire et terroriste des juifs communistes et héritiers des Illuminés des sociétés secrètes qui bouleversèrent la Russie de 1917 et le Berlin ou le Munich, le Budapest des années 1918-20. Churchill cite à ce propos les fameuses études de sa compatriote aristocrate et fille d’un résident aux Indes, Nina Webster, dans ce même article que tout un chacun devrait connaître ! Plutôt le sionisme que le bolchevisme était le vœu de Churchill, alors initié depuis avant la guerre avec son frère, à la maçonnerie !
Que dit aujourd’hui notre varsovien stratège interrogé par RT ? Que l’on ne peut confondre le sionisme avec les intérêts de l’Amérique ! Chacun applaudira, et Alex Jones, comme tous les patriotes de l’Amérique profonde, ne disent pas autre chose. Sauf qu’ils ajoutent que la ruche qui fournit le miel aux sionistes, la ruche du sionisme est bien plus grande aux USA qu’en Palestine, et que la reine abeille est dans les cellules de la Goldman Sachs, etc.
C’est donc un écran de fumée que de confondre le moteur avec le dessin e la carrosserie, et s’il est vrai que l’idéologie sioniste ne s’altère pas si elle se multiplie, comme tout contenu de représentation fondé, l’espace démontre que l’on ne saurait confondre la droite et la gauche dynamiquement. L’espace diversifie l’action, ce qui est l’intérêt des USA ne se confond pas, il est vrai, avec le territoire sioniste en Palestine, mais ce n’est pas ce territoire non plus qui absorbe toute la force du sionisme : celui présent au sein des États-Unis n’a que faire du sort de ses soi-disant coreligionnaires, ce sont pour lui des pions qui ont leur utilité, mais qui ne se confondent pas avec la cause. Celle-ci est mondiale, elle veut transformer Gaza non en colonie israélienne mais en port d’attache d’un futur réaménagement énergétique, qui permette de contrôler trafic et exploitation ; à cet égard l’entité sioniste est un gardien des travaux, aucunement le centre d’un Empire passé, présent et à venir.
Notre compatriote méridional et ami, M. Meyssan a, dans une clarté de style rare à trouver chez nos parvenus des lettres et de la politique, expliqué dans son « Obama II » les visées US, dont l’intérêt est porté vers l’Asie orientale, abandonnant insensiblement à son sort un régime de Tel-Aviv destiné à composer sa survie avec ses victimes, et laissant éventuellement retrouver son influence locale la Russie, naturellement plus proche des lieux que ne le sera jamais l’Amérique !
Que ceci soit dans une optique typique brzezinskienne, qui ne l’accorderait ? Car ce que vise l’exilé de l’Europe, ce n’est pas de s’isoler dans la patrie agreste de Mark Twain et comme cet écrivain autodidacte, de dénoncer le colonialisme US ! Non, son credo est l’américanisation de l’Europe, et du monde, et donc d’empêcher toute réaction patriotique qu’entraînerait l’impulsion likoudienne à frapper l’Iran. Mais qui réagirait en cas d’attaque de l’Iran ? La rue arabe oui, tout autant que Poutine dit qu’il défendra la Syrie dans les rues de Moscou, selon ce qui a été rapporté par Meyssan. Mais pas les États paralysés par la Fraternité musulmane, pas ceux qui répriment Bahreïn, pas ceux qui assimilent chrétienté, chiisme et tout ce qui n’est pas aussi leur nourriture spirituelle aussi pauvre et nocive que peut l’être diététiquement celle du Mc Donald dont les rats mêmes ne s’approchent pas !
L’étouffement des adversaires des spoliateurs sionistes se fait non par l’armée équipée majoritairement par les USA, mais par les hommes de main du Qatar et de ses imitateurs ! Ce sont eux qui détruisent les remparts du monde arabe et christiano-musulman, celui du mosaïsme éclairé, dirait Leibniz, par la perception par Jésus et le Prophète – la Paix soit sur eux – de l’immortalité de l’âme (comme le dit la préface à sa Théodicée ou Essai sur la bonté de Dieu, le mal et la liberté humaine) ! L’entité sioniste est une borne sur une route qui conduit à l’Empire du monde. Il faut voir la création de cet État dans le temps et non pas dans l’espace – et aucunement dans l’éternité, car Dieu en est absent !
Il ne reste qu’à répondre à la question : que veulent Obama II et le Richelieu des USA, Brzezinski ? Pour le ministre français, il s’agissait de diviser l’Allemagne, pour le Polonais de cœur, diviser la Russie, et pour cette œuvre, il lui faut mobiliser ceux qui brûlent d’accomplir cette tâche, ceux qui majoritairement en viennent ou y retournent périodiquement, les sionistes… Marx eût précisé malicieusement, de tous les pays, et auxquels il n’est pas besoin de Brzezinski pour attendre qu’ils s’unissent, ils le sont dans le pays qui leur sert de ressort, les USA !