Le retour de la vraie droite enchante la gauche de pouvoir… qui de son côté craint le retour de la vraie gauche. Malgré son boulet immigrationniste (dont il essaye de se débarrasser en douceur), vu l’éclatement des candidatures à gauche, Mélenchon a théoriquement plus de chances que Hollande de passer le premier tour en 2017. Besancenot et ses troupes ont beau dénoncer – toujours aux mêmes Autorités – le virage souverainiste de Mélenchon, ce dernier a enfin pigé qu’on ne pouvait pas laisser la France dans les mains des bouchers actuels. Les bons morceaux sont captés par l’oligarchie, les bas laissés à la gestion publique. Il en va de même des communautés…
Ce qui était auparavant interdit – Dupont Lajoie et la ratonnade – est aujourd’hui vivement conseillé, au besoin à coup d’attentats. Par les médias, les hommes politiques – de manière insidieuse, directe ou en creux – qui entraînent une partie du troupeau avec eux. Les guides ont changé de stratégie. En 2016, il faut incriminer l’Arabe, le musulman, ce djihadiste potentiel. L’injonction a changé de sens. Comme si les chiens (de Français) avaient été affamés, battus, et soudain lâchés sur ceux qui les avaient persécutés : des maîtres déguisés en Arabes !
Longtemps après la parenthèse gaulliste, la « french pride » est à nouveau autorisée, mais dans certaines limites, et sous certaines conditions. Elle doit s’exercer de manière inoffensive pour le vrai pouvoir, ou pouvoir profond, autoritaire et décisionnaire, et de manière offensive pour les cibles désignées : la vraie contestation (donc la pure gauche) et les musulmans. Les musulmans ne devant en aucun cas participer à une nouvelle gauche, alimentée par la lutte des classes, celle des possédés contre les possédants. On retrouve le schéma de la manipulation oligarchique de la CIA en Iran pour réduire le PC dans les années 1950. Partout et toujours, c’est la gauche sociale et nationale qui est attaquée par le vrai pouvoir.
Pendant 50 ans le Français a été arabisé, et l’Arabe francisé. Cette double rencontre s’est effectuée avec la bienveillance des autorités, qui désormais interdisent ce mélange, voire le criminalisent. Le meilleur exemple en est l’attaque massive subie par Juppé du fait de sa proximité avec l’imam Tariq Oubrou. On sent bien d’où vient le coup : à travers son bras identitaire, bien pratique, pour ne pas dire plus, l’oligarchie indique la voie à suivre. Le peuple français, sevré de nationalisme depuis un demi-siècle, se rue dans le trou prévu à cet effet, percé en plein milieu du mur.
Le 9 novembre 1989, à Berlin, les Allemands de l’Est, sevrés de liberté et de consommation, se sont rués à travers ce même trou, qui n’était pas là par hasard. La puissance allemande s’était imposée à la faiblesse soviétique. La baignoire finira de se vider quelques mois plus tard, lors de la réunification du 3 octobre 1990, jour désormais férié outre-Rhin.
Les Français ont donc bien été manipulés depuis 50 ans dans un sens, et le sont depuis deux ans dans le sens contraire. S’ils ont le droit de clamer leur amour de la France, cet amour ne doit pas aller jusqu’à remettre en question le pouvoir décisionnaire. Qu’on se contente des boucs émissaires, la communauté musulmane et les « fascistes », c’est-à-dire les mauvais nationalistes, ou nationalistes dangereux (pour le Système).
Car tout ce programme oligarchique ne va pas sans difficultés : en appeler aujourd’hui à l’amour de la France après l’avoir interdit, laisse le champ libre aux nationalistes, qui eux, n’ont jamais abandonné cet amour ! C’est le paradoxe d’une telle ingénierie. Du coup il faut autoriser le bon « nationalisme » et interdire le mauvais, celui qui est grossièrement amalgamé à Vichy et à la Shoah. C’est simple, non ?
La montée du FN constitue donc un dommage collatéral de la nouvelle stratégie globale du pouvoir profond.
Et non un choix, comme certains journalistes de gauche sociétale peuvent le penser. L’oligarchie aux commandes est certes un fascisme – et de ce fait elle désigne un faux fascisme à sa place – mais elle n’est pas associée à ce faux fascisme qui lui, est un vrai nationalisme. Car le nationalisme de l’oligarchie est un faux. Est-ce bien clair ?
Pour dire les choses de manière plus brute, le bon nationalisme, soufflé par les relais de l’oligarchie, est celui qui est dirigé contre les musulmans. Le mauvais, c’est celui qui désigne l’oligarchie, celle qui décide, autorise ou interdit. Cela explique pourquoi il y a un bon FN – qui convient au sionisme – et un mauvais FN, qui refuse de faire le sale boulot (la « ratonnade »). Un FN sioniste islamophobe prêt à composer avec le pouvoir profond, et un FN non sioniste qui ne marche pas dans la combine.
Naturellement, tout le monde n’adhère pas à ce schéma, qui ne prétend pas non plus expliciter le champ politique entier. Par exemple, Pierre Bergé, héritier de l’empire Saint-Laurent et mécène du lobby LGBT et de la gauche caviar « antiraciste », pense que Fillon est la résurgence de « Vichy », autant dire d’un nazisme à la française. Naufrage idéologique et arguments éculés d’un des actionnaires du Monde, devenu contre-productif pour son camp...
Plus crédible est la critique venue de Gérard Filoche, le dernier socialiste doctrinaire du PS. Il a compris que le programme de Fillon annonçait la fin des espoirs des pauvres de s’en sortir en France. On est bien du coté de l’oligarchie, c’est-à-dire, pour ce qui concerne l’économie, les intérêts du CAC40. Eh oui, la phraséologie communiste refait surface, et on n’a pas fini de l’entendre.
Éric Zemmour coiffe tout ce petit monde sur le poteau, en affirmant que Fillon s’offre quasiment en victime expiatoire à une gauche qui n’existe plus par elle-même :
Allons plus loin que Zemmour : le polémiste souligne que la gauche de pouvoir est soumise à Bruxelles, ce qui est une évidence. Concrètement, Pierre Moscovici a plus de pouvoir que François Hollande mais les deux apparatchiks sont du même camp, celui de l’oligarchie sauce socialiste, une sauce qui peut aussi bien être antisocialiste, ou filloniste.
Zemmour fait de « Bruxelles » le centre de l’oligarchie qui met la France à genoux. On pourrait compléter sa définition par les injonctions du sionisme et de l’impérialisme US, qui ne voient pas d’inconvénient à la dilution de la France dans l’ensemble européen, lui-même dominé politiquement et économiquement par l’association américano-sioniste. Du moment que notre dénationalisation profite à l’Empire…
Zemmour est là pour pointer Bruxelles du doigt, et faire oublier Tel Aviv. L’axe du Mal pourrait bien être l’axe Bruxelles-Washington-Tel Aviv [1].