On voulait dire que Bayrou était un loser même pas magnifique, mais l’idée a été déjà utilisée dans un de nos précédents papiers : Emmanuel Zelensky Macron, loser même pas magnifique. Il faut dire que dans notre paysage politique local, les losers ne manquent pas. Mais Bayrou est un peu un être à part, qu’on vise un peu le parcours !

● Candidatures présidentielles

Bayrou s’est présenté à trois reprises à l’élection présidentielle, sans jamais parvenir à s’imposer comme une alternative suffisante pour accéder au second tour durablement ou remporter l’Élysée :

2002 : candidat sous l’étiquette UDF, il obtient 6,84 % des voix, un score modeste qui ne lui permet pas de peser significativement face aux poids lourds Chirac et Jospin, ni même de concurrencer Le Pen, qualifié au second tour.

2007 : cette année marque son apogée électorale avec 18,57 % des voix au premier tour, un score remarquable pour un centriste. Cependant, il échoue à capitaliser sur ce succès : il ne se qualifie pas pour le second tour (battu par Sarkozy et Royal) et son refus de rejoindre clairement un camp – malgré des négociations avec Ségolène Royal pour Matignon – le marginalise dans la recomposition politique post-élection. Cet « échec dans le succès », comme l’ont appelé certains analystes, illustre bien son incapacité à transformer une dynamique en victoire durable.

2012 : son score chute à 9,13 %, reflet d’une perte d’élan et d’une difficulté à maintenir une position centrale face à la polarisation entre Sarkozy et Hollande. Son appel à voter Hollande au second tour lui aliène une partie de son électorat de centre-droit, aggravant son isolement.

● L’UDF puis le MoDem

Bayrou a longtemps cherché à faire du centre une force autonome, d’abord avec l’UDF, qu’il préside à partir de 1998, puis avec le MoDem, qu’il fonde en 2007.

Cependant, sous l’UDF, il échoue à empêcher une partie de ses troupes de rallier la droite chiraquienne (création de l’UMP en 2002), réduisant l’UDF à une coquille vide avant sa mue en MoDem.

Quant au MoDem, il ne parvient pas à en faire un parti de masse ou un pivot incontournable. Après des années de faiblesse (seulement 2 députés en 2012), le parti rebondit en 2017 grâce à l’alliance avec Macron, mais cette dépendance à LREM/En Marche dilue son autonomie et le cantonne à un rôle de partenaire secondaire.

● La mairie de Pau

2014 : avant de conquérir la mairie de Pau cette année là, Bayrou a essuyé des échecs dans ses ambitions locales. Par exemple, lors des municipales de 1989 et 2008 à Pau, il ne parvient pas à s’imposer, illustrant une difficulté à ancrer son influence dans son fief béarnais avant une victoire tardive. Et encore, celle-ci fut obtenue avec le soutien de la droite (UMP) !

● Passage éclair du ministère de la Justice

2017 : nommé ministre d’État, garde des Sceaux, dans le gouvernement d’Édouard Philippe sous la présidence d’Emmanuel Macron en mai 2017, Bayrou doit démissionner dès le 21 juin 2017, après seulement 35 jours en poste ! Cette démission est précipitée par l’ouverture d’une enquête préliminaire sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires au Parlement européen, impliquant le MoDem. Ce départ rapide le classe parmi les ministres les plus éphémères de la Ve République et fragilise son retour au premier plan.

● Premier ministre

Décembre 2024 : à peine Premier ministre, le rêve de sa vie (après la présidence), nommé par Emmanuel Macron sous le chantage (puisque sans le MODEM, le parti présidentiel n’est plus rien à l’Assemblée nationale), François Bayrou est déjà, au bout de deux petits mois, sur la sellette. Son pronostic vital est engagé, et, pour notre part, nous ne lui donnons plus bien longtemps à sa fonction actuelle. Les paris sont lancés !