Denis Menoud est conseiller municipal en ville de Genève. Il avait été exclu de son parti, le MCG, suite à une conversation sur Facebook à propos de la politique israélienne. Celui qui juge l’avis d’Alain Soral fort respectable nous livre son opinion sur l’initiative Ecopop du 30 novembre prochain qui vise à limiter le solde migratoire annuel en Suisse à 0,2 %.
Denis Menoud, pouvez-vous nous exposer les raisons pour lesquelles vous voterez en faveur d’Ecopop ?
Tout d’abord Ecopop a le mérite, d’une part, de poser le problème crucial auquel est confrontée l’humanité, c’est-à-dire la raréfaction des ressources naturelles avec comme corollaire le saccage de la planète dans un monde limité, sans compter les guerres incessantes. Et, d’autre part, d’attirer l’attention sur la croissance exponentielle de la population mondiale que rien ne freine. Cette équation est insoluble car l’humanité et tous ses dirigeants sont dans le déni de réalité, c’est un suicide collectif programmé. Donc Ecopop essaie de résoudre de façon pragmatique la transposition de cette problématique au niveau de la Suisse. Selon la Banque mondiale, la Suisse est l’un des pays les plus densément peuplés, bien plus que la plupart des pays Africains, mais proche de Malte ou du Vatican. Les seuls endroits relativement sous-peuplés et encore riches en ressources naturelles sont l’Afrique subsaharienne, l’Amérique du Sud et la Russie. Ceux-ci s’en sortiront avec le temps, pas l’Europe, ni l’Asie. C’est dans ces pays qu’il faut de l’aide dans le planning familial (Inde 1,25 milliard d’habitants, la Chine 1,4 milliard, l’Indonésie, le Japon, la Corée du Sud, etc.). Toutefois, le pompon du parasitisme restant, hors toute catégorie, Monaco avec 18 000 habitants au kilomètre carré avec zéro production hormis des électrons bancaires et de la monnaie fiduciaire. Dans la majorité des pays, leur développement économique est détruit par la croissance démographique. Cette réalité insupportable est complètement niée et Ecopop est une réponse au niveau suisse.
Rappelons-nous que, durant des siècles, la pauvreté de la Suisse, notamment l’absence de ressources naturelles, a conduit des milliers de Suisses à s’expatrier. Aujourd’hui, si la Suisse devait (sur)vivre avec ses propres moyens, la population serait de 2 millions au maximum. Or, nous sommes 8 millions d’habitants à ce jour dont 25 % d’étrangers. C’est manifestement trop pour un minuscule pays sans ressources. Nous vivons dans une économie largement surdéveloppée au détriment des autres nations, notamment celles du tiers-monde, raison pour laquelle de nombreux étrangers, souvent sans emploi, souhaitent venir en Suisse, tout comme les milliers de réfugiés qui débarquent chaque jour sur l’île de Lampedusa. Les autorités savent très bien que nous sommes dans un cul-de-sac mais font tout pour mystifier les Suisses.
Que répondez-vous à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, qui estime que le principe défendu par Ecopop est xénophobe ?
La conseillère fédérale Sommaruga dit n’importe quoi, comme tous les ignorants ou bien comme ceux qui sont de mauvaise foi, voire les deux à la fois. Est-ce son cas ? D’ailleurs, elle n’est pas la seule du gouvernement à se répandre en stupidités ou en mensonges sur Ecopop. Il suffit d’écouter les Berset, Burkhalter et autre Widmer-Schlumpf pour être édifié de leur étroitesse d’esprit et leur pusillanimité. Si le conseil fédéral mérite bien un brevet d’honneur, ce n’est autre que celui de la haute trahison de la Suisse, des bilatérales à la soumission honteuse devant les puissances étrangères en passant par la livraison de noms de citoyens suisses innocents aux USA. Les cris du Conseil fédéral contre Ecopop cachent de façon maladroite l’incompétence de ceux qui gouvernent en fonction de leurs commanditaires de Paradeplatz à Zürich (place réputée pour sa cherté et pour les organismes financiers y siégeant).
Comment expliquez-vous que l’ensemble des partis politiques s’est prononcé de manière unanime contre cette initiative ?
Tous les partis et leurs sycophantes des médias, défendent leurs intérêts économiques égoïstes à court terme, ils n’ont aucune vision globale et à long terme. Ça ne les intéresse pas, ils sont complètement irresponsables. C’est en somme assez logique, car leur vue de leur petit monde coupé des réalités porte au maximum à la prochaine échéance électorale. Ils ne peuvent ni ne veulent comprendre l’essence de l’initiative Ecopop. Leur vision du monde est celle d’un peuple bête et dangereux et se prennent pour de bons bergers capables de nous dire ce qui est bon pour nous autres, Suisses. Mais comment loger, vêtir, nourrir, transporter et instruire chaque année 86 millions de nouveaux habitants sur Terre ? Même s’il y avait une décroissance généralisée de la population mondiale, il serait de toute façon impossible de fournir un niveau de vie tel que nous le connaissons. La logique de ces partis politiques se résume par un « après moi le Déluge ». Ces partis veules composés d’arrivistes, d’affairistes et de lobbies sont totalement néfastes et contre-productifs, ces sont eux, en réalité, qui mènent à grand pas la Suisse vers l’abîme.
Les menaces des milieux de l’économie concernant la prospérité de la Suisse sont-elles fondées ?
Je pense que par prospérité, vous voulez dire la « croissance » ? Si tel est le cas, ce sera non, mais peut-être un fléchissement. Et encore... personne n’en est sûr. De toute façon, la prospérité est à géométrie variable : cadeaux fiscaux aux plus riches et réduction des prestations aux plus pauvres. Les soi-disants milieux économiques, c’est-à-dire le patronat zurichois en tant que leader, basent leur fortune sur l’exploitation des Suisses et des étrangers, sur la détérioration générale de l’environnement et sur des rapports économiques mondiaux inégaux. C’est d’ailleurs pour cette raison que les caciques de l’UDC tombent leur masque et montrent qui ils sont réellement et quels intérêts ils servent : moi d’abord, la Suisse après. Et encore ! peut-être...
Même chose sur l’initiative pour récupérer notre or à l’étranger et relevons au passage que la politique de la BNS va mener la Suisse droit à la faillite et à la ruine du pays. Elle a déjà gravement dilapidé le patrimoine du peuple suisse en bradant les réserves d’or pour de la monnaie de singe en achetant à tours de bras de la dette de grandes puissances notoirement insolvables ou qui ne rembourseront rien au final. La création monétaire ex nihilo de la BNS aura un prix à payer et gare au retour de flamme sur l’économie du pays.
À chaque fois, ces mêmes milieux prétendument « économiques » ressassent la crainte, la peur et les menaces. Ils se prennent pour le centre du monde bien qu’ils soient une infime minorité ; mais ils savent acheter les politiciens et les médias. Pour la prospérité de la Suisse, il y a plus à craindre du conflit ukrainien – qui dégénère suite à l’agressivité des USA, de l’OTAN et de l’Union européenne – plutôt que de la mise en application de l’initiative Ecopop. Pour le grand patronat zurichois, c’est-à-dire la finance, les assurances, le bâtiment ainsi que quelques grands industriels, leurs intérêts ne correspondent pas aux intérêts de la majorité des Suisses.
Ce texte proposé au peuple suisse est bien moins flou que l’initiative contre l’immigration de masse puisqu’il propose une limite claire de 0,2 % de solde migratoire annuel net en Suisse. Si cette initiative est acceptée, pensez-vous que les autorités auront les moyens de l’appliquer à la lettre ?
En cas d’acceptation de l’initiative Ecopop, il ne s’agira que d’une question de volonté pour la mettre en application. Alors, comme d’habitude, on dira aux Suisses que cela est contraire au droit international, aux bilatérales et ainsi de suite. Soyons réaliste, les « élites » qui dirigent la Suisse n’ont aucune intention de mettre en pratique l’initiative Ecopop, elles sont trop soumises pour ne pas dire vendues à la mondialisation à la mode anglo-saxonne. Il faudra les y contraindre.