Les comparses des deux Monothéismes, celui du Marché, et de sa halle très basse, et celui des mosquées, d’Allah Le Très Haut, loué soit-Il, ces frères ennemis, comme Cahen et Abdel (ci contre), au fond ne peuvent pas s’encaisser.
Mais ces compères très puissants, qui vivent et règnent en inimitié depuis des lustres et des lustres, s’entendent sur la défense des tiroirs-caisse et des chiffres d’affaire.
Il y a, entre ces mangeurs de porc gorgés de vinasse, et ces Tartuffes en coufieh buveurs d’eau (dans leur scotch), et lécheurs de truies, en douce dans les cinq étoiles suisses, deux Weltanschauung qui ne s’accordent guère, c’est le moins que l’on puisse dire, et qui réapparaissent chaque fois après la guerre.
Cf. tous les Ben, tous les Laden, et tous les Souleymane, créatures CIA d’Afghanistan et d’Iraq, ou du Kossovo, qui ont mordu la main qui les avait nourri ; ou encore cette confrérie des Frères américains d’Égypte, toujours « soucieux d’entretenir de bonnes relation avec le Etats Unis » comme l’écrit M. Saadeddine Ibrahim, professeur de socio à l’Université ricaine du Caire, Muzz Brothers pro-américains mais qui haïssent au plus profond l’american way of life…
Car l’entende est fondamentale entre la « Réaction sur toute la ligne » [1] qu’est la politique impérialiste, et la Contre-révolution absolue qu’est l’Islam.
Même en Iran, naguère, l’impérialisme s’était appuyé sur les mollahs, pour liquider les Moudjahidines du Peuple, révolutionnaires qui aspiraient à un socialisme réel, et qui furent pendus par milliers à des grues, grappes de vin nouveau qu’il est proscrit de boire. Interdit par les capitalistes qui possèdent tous les trésors de la terre, et leurs complices croyancieux qui renvoient la vraie vie dans d’hypothétiques cieux.
Bien sur, là encore, la situation s’est retournée, ne me faîtes pas dire ce que je ne dis pas.
Comme l’écrit l’éditorialiste du quotidien égyptien Al-Chorouk : « il n’est pas étonnant de voir le gouvernement soutenu par la confrérie des Frères musulmans et son Parti adhérer aux politiques du FMI. […] La confrérie a affirmé clairement qu’elle n’avait aucune réserve concernant les politiques libérales suivies par le gouvernement Moubarak. Ainsi le recours au FMI est très logique et colle étroitement à la vision américaine, ce qui explique la bénédiction de l’administration… »
Et oui ! car l’administration américaine s’en tape des états d’âme immortelle et des superstitions des dévots Frérots, elle ne s’intéresse qu’à la défense de ses intérêts, et expressément au maintien des privilèges politiques et économiques issus de Camp David. Car les frères, ont accepté la paix avec l’Israël temporel, quoi qu’ils pensent de l’Israël Éternel.
« C’est pour cela que la Confrérie ne pourra pas opérer de changement radicaux pour mettre fin à l’état d’allégeance économique et politique consacré par les accords de Camp David » non plus que mettre « sur pied une politique économique garantissant la souveraineté de l’Egypte », écrit encore l’éditorialiste d’Al-Chorouk.
Soumission quant au fond, quels que soient les beuglements et les embrasements, à propos d’un Film à la con, et qui ne ressortissent qu’à l’extraordinaire susceptibilité mauresque, dont nous avons ici en ex-France, quotidiennement, des illustrations réitérées d’impérissable impudence.
Nous sommes en présence d’une loi de compensation dialectique. La gale religieuse s’exaspérant en proportion exacte avec la résignation temporelle. En Tunisie et Egypte les printemps arabes ont débouché sur la riante clairière d’Islam : le socialisme mystique de l’égalité devant Allah ; c’est très beau abstraitement parlant, mais laisse les rapports de force intacts.
La foule croyancieuse n’a jamais su que pousser des cris et piller. La véritable expansion populaire n’est réalisable qu’organisée, disciplinée, hiérarchisée.
Pour en revenir à la Libye, ou ce qu’il en reste, déjà de l’eau dans le gaz pschitte et fait shunter et déchanter les récents alliés, copains comme cochons pour débiter du Kadhafi sur l’étal halal, mais qui ne peuvent pas se blairer au fond.
Comme le nouveau commandant militaire de Tripoli, 46 ans, Abdelhakim Behlaj (bel âge pour être commandant), qui accuse Blair Tony et les services secrets de la Perfide Albion, d’avoir offert à la CIA des infos, permettant de l’arrêter puis de le livrer au Kadhafi qui l‘aurait fait tenailler par ses sbires. Cela en 2004.
Car il n’y a pas si longtemps, la CIA aimait, paraît-il, à livrer au défunt Raïs, ses ennemis préférés, après les avoir un peu torturé elle-même, pour les mettre en bouche.
C’est-ce qui ressort en tout cas des documents rapportés par Human Rights Watch, selon lesquels « l’étendue des abus commis par l’administration américaine semble bien plus vaste que jusqu’à présent reconnu ».
Voilà ce que l’on peut appeller un bel euphémisme.
Félix Niesche
Vient de paraître, sur le même sujet : Arabesques en vente sur KontreKulture