On connaît la musique : chaque fois que le Venezuela approfondit la démocratie, les grands médias en remettent une couche pour créer l’image d’un régime répressif [1].
Qu’une population passe de l’état de paysage colonial muet à celui de sujet politique actif explique la réaction locale de la minorité blanche, riche et raciste. Celle-ci sait comment fabriquer les violences dont les médias internationaux ont besoin pour mettre en images leur « révolte populaire contre le gouvernement vénézuélien ». Cette alliance entre les grands groupes médiatiques et une droite locale du XVIe siècle – médiatiquement majoritaire au Venezuela – rappelle que l’Occident reste, lui aussi, profondément colonial face à l’émergence du Sud comme sujet politique.
Depuis l’approbation par les électeurs de la Constitution bolivarienne il y a quinze ans, les gouvernement Chávez puis Maduro ont travaillé à la concrétisation de la « participación protagónica », à savoir la participation effective et efficace des citoyens au pouvoir d’État. En 2014, dans cette deuxième année de révolution sans Chávez, tout en surmontant toutes sortes de déstabilisations violentes, économiques, médiatiques et politiques, Nicolás Maduro a franchi une étape fondamentale sur cette voie : la création des Conseils présidentiels. [...]
2015, année de la relance économique
Alors que des journalistes européens euphoriques annonçaient dès la chute des cours du pétrole que le « Venezuela allait devoir faire des coupes dans son budget », le président Maduro a maintenu la hausse du budget social pour 2015, aux antipodes des politiques d’austérité pratiquées en Europe. La majorité des députés socialistes – contre la minorité des députés de droite – a voté un budget de 741,708 milliards de bolivars – soit 21,6 % du PIB – financé en grande partie par les recettes fiscales non-pétrolières (517,455 milliards de bolivars), les recettes pétrolières (124,074 milliards) et un complément d’emprunts publics. Tout cela garantit le financement d’activités et de projets de secteurs aussi divers (à titre d’exemples) que les producteurs agricoles, les organisations communales, les infrastructures publiques – centrales électriques hydro et géothermiques, le renforcement de 240 centres hospitaliers, l’alimentation destinée aux 4 351 000 étudiants de l’enseignement primaire ou celle que le gouvernement distribue à bas prix à la population en général à travers les réseaux Mercal, PDVAL et les « Maisons d’alimentation » destinés aux secteurs les plus pauvres.
Le chômage poursuit sa baisse (5,9 % en novembre 2014, un des meilleurs chiffres en quinze ans de révolution), tandis que sur l’ensemble de l’année, le salaire minimum intégral a augmenté de 68,28 % pour éviter qu’il ne soit rogné par l’inflation encore très haute (64 % en 2014). Selon le rapport de la Banque centrale de décembre 2014, celle-ci a été renforcée en 2014 par les « guarimbas » violentes de l’opposition, la guerre économique via le dollar parallèle et la contrebande massive de produits subventionnés par le gouvernement, revendus plus cher à l’étranger.
En 2015, Maduro l’a annoncé, les efforts du gouvernement se centreront sur l’élimination de ces mafias économiques par la lutte accrue contre la contrebande, la fixation des prix justes au consommateur, et surtout le passage définitif de l’économie rentière-pétrolière, avec sa culture médiatique d’ultra-consommation, à une économie productive et rationnelle.
Pour que la structure économique ne corsète pas le déploiement des nouvelles formes de participation et de production citoyennes, Maduro a également signé en novembre 2014 une série de 28 lois en matière économique.
Lois révolutionnaires qui règlent les conditions d’assainissement d’une économie depuis longtemps empêtrée dans la corruption et la bureaucratie anti-productives. Nulle mesure d’austérité, nulle augmentation de l’essence (écartée à court terme). Ces lois transforment les conditions d’accumulation du capital pour les réorienter en faveur de l’investissement productif – réglementant les investissements étrangers, empêchant les monopoles, simplifiant l’administration pour les mouvements communaux et les secteurs productifs nationaux, fixant une contribution sérieuse du secteur capitaliste – bancaire notamment, qui a engrangé 13 % de bénéfices en 2014 – au budget de l’État.
Ces lois fortifient la courbe de croissance des revenus fiscaux non-pétroliers (qui atteignent actuellement 72 % du budget de l’État) et seront multipliés par deux. Exemple : l’une des 28 lois modifie les « concessions molles » accordées aux transnationales exploitant le sous-sol vénézuélien et met fin à leur hégémonie, la restituant à l’État. En récupérant l’extraction de cette quantité plus importante que prévue, l’État pourrait en dix ans porter ses réserves internationales à 50 milliards de dollars et renforcer la valeur de la monnaie nationale et la stabilité économique en général.
Sans doute la sainte alliance qui va des médias de la droite locale à la majorité des journalistes occidentaux commet-elle la même erreur que celle qu’elle a commise contre Chávez : celle de sous-estimer Maduro et le « peuple-président ».
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