Dans un entretien au Journal du dimanche, Dany Boon compte bien faire pleurer dans les chaumières et sur les plages : un rôle tragique, destiné à surprendre son public, habitué à ses singeries cinématographiques.
D’après le fantaisiste, tout a commencé enfant, lorsqu’il a découvert « le rejet avec un père kabyle musulman laïc et une mère catholique. J’ai vu le racisme contre les Kabyles de la part des Algériens, mais aussi l’exclusion de ma famille maternelle qui prenait mon père pour un Arabe. »
Dany avait déjà l’étoffe d’une victime errante :
« J’étais une minorité dans ma propre famille, où l’on vivait une forme d’exil intérieur. »
Une douleur insupportable digne des migrants de Calais. Mais l’acteur est aussi un philosophe (mais pas autant que BHL) :
« J’ai opté pour l’humour. Je voulais comprendre pourquoi on me rejetait. La meilleure façon de se faire accepter est d’aller vers l’autre pour le faire marrer. Pour moi, le rire a toujours été une forme de réparation. »
Un réparation que sa petite communauté qui a tant souffert n’a jamais exigé, tant la souffrance fut grande... et incalculable.
Il sera de retour dans les salles aux côtés de Charlotte Gainsbourg dans le prochain film d’Yvan Attal pour incarner un « juif banlieusard totalement fauché » qui « finit par se convaincre » qu’« il ne peut pas être juif tellement il est dans la lose ».
Une performance incroyable pour l’acteur millionnaire, qui tente de convaincre le peuple de France qu’au moment de sa conversion, un journaliste lui aurait glissé : « Maintenant, que vous êtes juif, vous êtes riche. » On attend que M. Boon révèle le nom de cet ignoble individu, auquel il aurait répondu : « J’étais riche quand j’étais catholique et il existe aussi des juifs pauvres ! », puis de conclure :
« J’ai compris que ma conversion était réussie quand j’ai été inondé d’insultes et de menaces anonymes. C’était il y a treize ans, et ça continue encore aujourd’hui. »
Qui aurait cru que derrière le visage souriant de l’amuseur, se cachait une âme si tourmentée ? Espérons que son public va se ruer dans les salles afin de montrer son amour au comédien et lui permettre de maintenir son niveau de vie de pauvre riche.