La ville de Bossangoa, située à 300 km au nord ouest de Bangui, a été l’épicentre des tensions entre les communautés chrétiennes et musulmanes en Centrafrique, avec des exactions commises aussi bien par les combattants de la coalition Séléka, qui renversa le président Bozizé en mars 2013, que par les miliciens anti-balaka.
Depuis, les musulmans ont quitté la ville pour rejoindre le Tchad. « Pour les habitants qui sont restés, ce départ a été ressenti comme un soulagement pour certains et pour d’autres c’est regrettable (…) Nous nous sommes beaucoup investis pour la cohésion sociale. Cette cohésion sociale impliquait toutes les franges de la population : animistes, chrétiens et musulmans. Maintenant avec le départ de la communauté musulmane, je dirai qu’il manque un pan essentiel dans cet effort de cohésion sociale et c’est vraiment regrettable », expliquait, en avril, sur les ondes de RFI, Mgr Nestor Aziagba, l’évêque du diocèse de Bossangoa.
Toutefois, les miliciens anti-balaka n’ont toujours pas déposé les armes. Et, au cours d’une opération de désarmement (ou d’application des « mesures de confiance »), un incident a éclaté, le 4 septembre, entre ces derniers et un détachement de soldats français appartenant au Groupement tactique interarmes (GTIA) de Boissieu.
« Un échange de tirs a eu lieu jeudi à Bossangoa entre soldats français de l’opération militaire Sangaris et des miliciens anti-balaka » suite à une opération de désarmement, a ainsi affirmé une source de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), la force déployée dans le pays sous l’égide de l’Union africaine.
Ce qui a été confirmé par une source de la force française Sangaris, laquelle « s’est employée à neutraliser des éléments porteurs d’armes », ce qui « a entrainé des comportements hostiles et de vives tensions au cours desquelles un milicien blessé a trouvé la mort ».
L’origine de cet incident serait « l’arrestation du commandant des anti-balaka » de Bossangoa, a indiqué la source de la force africaine. Les miliciens ont « manifesté leur mécontentement dans les rues et quartiers, barricadant la voie publique, pillant et saccageant les maisons du maire et de son adjoint », a-t-elle dit. « La situation est sous contrôle des forces internationales Sangaris et Misca », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, le dernier compte-rendu des opérations diffusé par l’État-major des armées (EMA), à Paris, la situation reste tendue dans le 3e arrondissement de Bangui, ainsi qu’à Boda et Bambari (centre du pays, où est installé l’état-major de l’ex-Séléka).