Des incidents ont émaillé jeudi l’élection présidentielle en Algérie, notamment en Kabylie où 70 personnes ont été blessées dans des heurts entre des gendarmes et des jeunes qui voulaient empêcher les habitants de voter, a-t-on appris de sources locales.
Ces incidents ont éclaté peu après l’ouverture des bureaux de vote à 07H00 GMT quand des groupes de jeunes ont saccagé des urnes dans des centres de vote des localités de Raffour, M’chedellah et Saharidj, dans le département de Bouira (120 km au sud-est d’Alger), ont précisé ces sources.
Les gendarmes ont usé de grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires qui voulaient empêcher les électeurs de voter.
Les affrontements, qui ont fait 70 blessés dont 47 gendarmes, ont entraîné une interruption momentanée du vote dans ces trois localités, selon les mêmes sources.
À Raffour, des heurts avaient éclaté dès 03H00 (02H00 GMT) entre des gendarmes et des manifestants hostiles au vote.
Face à des jeunes armés de frondes, certains le visage caché par un foulard, les gendarmes ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, selon un photographe de l’AFP.
Des manifestants criaient notamment ulach smah (pas de pardon), le cri de vengeance des jeunes kabyles quand des émeutes furent réprimées dans le sang en 2001, faisant 120 morts.
À la sortie d’Ighrem, toujours dans le département de Bouira, des jeunes armés de gourdins à clous ont fermé la route avec des pneus qu’ils ont incendiés, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin. Les gendarmes sont intervenus pour rouvrir cet axe.
À Alger, les policiers, déployés massivement, ont interpellé de manière musclée cinq personnes qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le ministre de l’Intérieur Tayeb Bélaïz a déclaré à la mi-journée que le scrutin se déroulait dans de bonnes conditions dans les 50 000 bureaux de vote du pays.
Le taux de participation était de 23 % à 13H00 GMT, a précisé M. Belaïz à la télévision.
Une coalition de cinq partis d’opposition a appelé au boycottage, plaidant en faveur d’une transition démocratique, tandis que le mouvement Barakat (Ça suffit), hostile à un quatrième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika, a jugé que cette élection était un non-événement, sans toutefois appeler directement au boycott.
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