La grève de pilotes d’Air France contre le low cost fait beaucoup vitupérer. Mais elle a un mérite : elle met en lumière les mutations que le capitalisme low cost induit sur nos modèles sociaux.
Les motifs de la grève
Je produis ici la vidéo très intéressante tournée hier matin sur Europe 1 où le président de la section Air France du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) explique clairement l’opposition de ses adhérents à un projet d’Air France consistant, dans la pratique, à transférer l’activité moyen-courrier de point à point (voir les explications plus bas) vers une filiale low-cost, Transavia, qui diminuera le coût du travail pour baisser ses prix.
Dans la pratique, et sans épiloguer sur le sujet interne à Air France qui ne nous intéresse guère dans ces lignes, deux autres syndicats ont déposé un préavis de grève : le Syndicat des Pilotes d’Air France (SPAF) et le syndicat du Personnel Navigant Technique d’Air France (ALTER). Les esprits malicieux liront d’ailleurs cette remarque sur le site d’Alter :
Quand ALTER alertait les pilotes sur les conditions de création de Transavia, dont les avions étaient gréés hors effectifs Air France, nous n’avons pas été écoutés. Nous craignions alors une utilisation de cette nouvelle filiale pour externaliser une grosse partie de notre activité moyen-courrier, et nous ne nous étions pas trompés, en atteste l’actualité du moment.
Quand ALTER alertait les pilotes sur les conditions de création des Bases Provinces, permettant la mise en place d’un contrat B pour des pilotes d’Air France alors qu’ils effectuent le même métier au sein de la même compagnie, nous n’avons pas été écoutés. Nous craignions que ces conditions deviennent les conditions générales des pilotes Moyen-Courrier à terme, et, malheureusement, une fois de plus, nous ne nous étions pas trompés, en atteste l’accord Transform 2015.
Dans le conflit en cours, la grande force de la direction d’Air France réside dans la division des pilotes et des personnels navigants. Mais… c’est un autre sujet.