Durant plus de deux ans passés au contact de Nicolas Sarkozy et de ses proches, deux journalistes livrent aujourd’hui le fruit de leur enquête dans un livre : Ça reste entre nous, hein ?
Entre son départ de l’Élysée en mai 2012 et son retour en septembre 2014 pour retrouver la présidence de l’UMP, ils ont consigné les commentaires de l’ancien chef de l’État et les confidences de ceux qui l’ont rencontré.
Hollande, ses femmes et Valls
Toujours amer, Nicolas Sarkozy n’a pas de mots assez fort pour décrire François Hollande – le « président ridicule » – qu’il juge être un « faible », dont il pense qu’il ne finira pas son mandat et que « tout ça va finir dans la rue »... Ce qui ne l’empêche pas de penser qu’à part lui, personne ne peut battre l’ancien maire de Tulle en 2017 : « Ce sera Hollande. Ceux qui pensent qu’un autre a sa chance n’ont rien compris au fonctionnement des institutions. »
« La seule chose que Hollande sait faire, c’est prendre les ministres dans sa main et les tuer. » « Il est mal fagoté, il mange des frites, quand on fait un métier public, il faut faire attention. Moi, je suis très gourmand, j’ai tendance à grossir, mais vous m’avez toujours vu faire du sport. Je ne prends pas de dessert. Quand même, le corps du président, ça compte ! Faut être propre, faut être élégant, impeccable. » Et, qualifiant les photos des tabloïds montrant son successeur et Valérie Trierweiler sur la plage au Fort de Brégançon : « C’est les Bidochon en vacances ! »
Il lâche aussi quelques commentaires sur l’auteur de Merci pour ce moment et sa répudiation :
« Il l’a faite venir à l’Elysée, il ne l’épouse pas, il lui envoie dix-neuf textos par jour pour lui dire qu’il l’aime et, pendant ce temps-là, elle s’aperçoit que c’est bidon et qu’il est avec Julie Gayet. Je ne dis pas c’est bien ni que c’est mal. Mais jugez la souffrance, soyez humains. Elle est comme une bête blessée, elle est bouleversée. » La compassion s’arrête là : « Je l’ai toujours trouvée sotte et prétentieuse. Ce n’était pas une très bonne journaliste politique et pas une très bonne journaliste culturelle non plus. »
Sur Manuel Valls, que les journalistes ont appelé le « Sarkozy de gauche » car personnage ambitieux et ancien ministre de l’Intérieur : « Il y a une différence fondamentale entre lui et moi : il n’a aucun résultat. » Quant à l’avenir du locataire de Matignon : « Valls candidat ? N’importe quoi... À la limite, Taubira aurait plus de chances que lui à gauche. Il devrait porter des lunettes, il a le regard fuyant. Il fait un peu illuminé. »
L’UMP et le FN
Visiblement mécontent des affaires qui agitent le parti qui l’a porté au pouvoir, il déclare : « À l’UMP, tous des cons ! », le décrivant comme un « ventilateur à merde » et n’épargne pas ses concurrents à la tête du mouvement.
François Fillon : un « loser » !« Il paraît qu’il a beaucoup souffert pendant cinq ans. Peut-être aurais-je dû abréger ses souffrances. » L’ancien Premier ministre UMP a réagi en indiquant « ne peux pas croire un seul instant que Nicolas Sarkozy ait dit ça, parce que ce ne sont pas les paroles d’un homme d’État. »
Mécontent de voir le falot Xavier Bertrand faire preuve d’ambition, Sarkozy déclare : « C’est un médiocre, ce n’est pas la reconnaissance qui l’étouffe. Ce bon à rien, ce petit assureur. Lui, ce sera pieds nus, avec des plaies ouvertes, dans les mines de sel. »
Sur Alain Juppé : « Alain, je l’aime bien. Il a dix ans de plus que moi. Puis-je rêver d’un meilleur rival ? Il me fait passer pour jeune. »
Complexé et envieux, il surnomme Bruno Le Maire « Bac + 18 » et déclare : « Quand les gens le voient, ils zappent ! Le Maire, il est utile. On a toujours besoin d’un énarque qui parle allemand dans les sommets internationaux. Le pauvre, il écrit des livres que personne ne lit. Ah si, il y en a un que j’ai lu, c’est celui où il se masturbe ! » (dans un livre, Le Maire raconte une scène où lors d’un bain, son épouse, Pauline, lui « caresse doucement le sexe »).
Dans le même registre, quelques jours après que Laurent Wauquiez (depuis membre de l’équipe qui souhaite voir Sarkozy diriger à nouveau l’UMP...) a avoué regarder la plate-forme de diffusion de vidéos pornographiques Youporn « comme tout le monde » – avant de se raviser en évoquant un trait d’humour – l’ancien président de la République interrogea ses visiteurs « T’as vu Laurent ces derniers jours ? Non, parce que si tu l’as vu, j’espère que tu t’es lavé les mains, hein !? »
Visiblement jaloux du succès de Marine le Pen, il s’en prend à son physique :
« C’est une masse, elle fait hommasse, épaisse, avec des airs de déménageur . »
Obsédé par l’argent
Depuis sa défaite aux présidentielles, Sarkozy a multiplié les conférences juteuses, empochant entre 100 000 et 150 000 euros à chaque fois, totalisant dans les 2 millions d’euros et confiant à un convive lors d’un dîner à l’été 2012 : « Tu comprends, je ne veux pas que ma femme me voit comme un chômeur. »
Nicolas Sarkozy aurait dû prendre la tête d’un fonds souverain, abondé par le Qatar, qui lui aurait rapporté entre 2 et 3 millions d’euros par an, mais il a renoncé, pour se venger de sa défaite de 2012. Une décision dictée par son ego et qu’il aura sans doute tout le loisir de regretter en mai 2017.