Le Monde a eu accès aux résultats de l’enquête préliminaire menée par les policiers, du 5 mars au 27 juin, sur les fausses factures réalisées par la société Bygmalion à l’UMP, à l’issue de laquelle le parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire pour « faux et usage de faux », « abus de confiance » et « tentative d’escroquerie ».
Les enquêteurs chiffrent le montant de ces fausses factures à plus de 18,5 millions d’euros. Leurs investigations confirment la mise en place d’un système occulte destiné à couvrir les dépenses pharaoniques de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012.
En clair, la société facturait à l’UMP des prestations effectuées au profit de la campagne de M. Sarkozy. Ces fausses factures présumées auraient permis au candidat de dépasser largement le plafond de dépenses autorisées par la loi lors d’une campagne présidentielle.
Dans un procès-verbal de synthèse de 13 pages, daté du 24 juin, la commissaire Christine Dufau, patronne de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), conclut :
« La société Event et Cie [filiale de Bygmalion], en accord avec plusieurs responsables de l’UMP, a adressé au parti des fausses factures à hauteur de 18 556 175, 95 euros TTC courant 2012, faisant référence à des prestations liées notamment à des conventions, alors que les prestations réelles correspondaient à l’organisation de meetings pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.Ces fausses factures étaient confectionnées à la demande de l’UMP, en raison de l’impossibilité de faire figurer le coût réel de ces meetings dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy. Les participants à ces faits, les responsables de Event et Cie, de l’UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, semblent inextricablement liés les uns aux autres dans la décision d’établir ces fausses factures. Des investigations complémentaires doivent être menées... »