Au total 80 personnes ont été interpellées mardi à Hong Kong lors d’une opération policière dans une rue bloquée par des manifestants pro-démocratie depuis deux mois dans le quartier de Mongkok, a annoncé la police locale.
Les rebelles ont été arrêtés pour rassemblement illégal et violation d’une décision de justice exigeant le démantèlement des barricades dans les rues, a déclaré un porte-parole de la police à l’AFP. La police avait initialement annoncé 32 interpellations, dont celle du député prodémocratie Leung Kwok-hung. Selon un avocat pro-démocratie, un adolescent de 14 ans figure parmi les personnes interpellées.
Ces interpellations ont eu lieu lors d’une nouvelle opération de démantèlement de barricades sur l’un des sites occupés par les manifestants prodémocratie depuis plus de huit semaines. Les échauffourées se sont produites au moment où la police tentait de disperser une centaine de manifestants qui refusaient de quitter les lieux alors que des ouvriers démantelaient des barricades à Mongkok, dans la partie continentale de Hong Kong. Mongkok est l’un des trois campements occupés depuis le 28 septembre dans l’ancienne colonie britannique passée sous tutelle chinoise, avec ceux d’Admiralty, près du siège du pouvoir et de Causeway Bay, quartier de commerces de luxe prisé des Chinois du continent.
Comme la semaine dernière à Admiralty, l’opération de démantèlement de barricades faisait suite à une ordonnance d’expulsion rendue par la justice et ne concernait qu’un tout petit secteur géographique, en l’occurrence une centaine de mètres sur une rue commerçante très passante. Mongkok a été le théâtre de heurts violents entre manifestants, policiers, habitants excédés et nervis soupçonnés d’être les hommes de main des triades, la mafia chinoise.
Le 28 septembre, quand la campagne prodémocratie s’est brutalement accélérée, les protestataires étaient descendus dans les rues par dizaines de milliers. Depuis, leur nombre s’est considérablement réduit et le mouvement semble divisé sur la stratégie à suivre alors que la lassitude des sept millions d’habitants fatigués par les embouteillages croît à vue d’oeil. D’après la presse locale, les opérations de démantèlement devraient se poursuivre mercredi à Mongkok avec l’évacuation d’une partie plus large du campement. Une seule séance de négociations entre les étudiants, fer de lance du mouvement, et le gouvernement local, n’a débouché sur aucun résultat concret. La numéro deux de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a déclaré mardi qu’elle n’avait "pas complètement fermé la porte" aux discussions avec la Fédération des étudiants de Hong Kong.
Territoire chinois bénéficiant d’une large autonomie, l’ancienne colonie britannique connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997. Pékin a approuvé le principe "une voix, un vote" mais a réservé à un comité de grands électeurs majoritairement favorable au Parti communiste chinois le soin de présélectionner les candidats, conditions jugées inacceptables par le mouvement prodémocratie.