Le champion du monde succède à Rafael Benitez pour sa première expérience à la tête d’une équipe professionnelle.
C’est l’heure. Neuf ans et des poussières après avoir terminé sa carrière sur une finale de Coupe du monde et un coup de tronche (les deux lui appartenant aussi exclusivement l’un que l’autre, tant son influence sur le brillant parcours tricolore de 2006 fut essentielle), Zinédine Zidane, 43 ans, est en position de revenir dans le foot pro par la grande porte : rien moins que le poste d’entraîneur du Real Madrid, vacant après le licenciement d’un Rafael Benitez qui aura tenu six mois à la tête de la direction technique merengue.
Au moment de sa nomination en juin, le Madrilène de naissance avait déjà une tête de victime à court terme. Coach un peu passé de mode depuis une demi-douzaine d’années et des échecs à Chelsea ou Milan, Benitez possédait, selon les familiers de la maison, le profil de celui qui essuie les plâtres (les joueurs-stars de son vestiaire respectaient beaucoup son prédécesseur, Carlo Ancelotti) et que l’on écarte sans avoir à se justifier des heures. Du reste, son bilan sportif est respectable : 3e à 4 points du leader (l’Atletico Madrid, une manière d’ennemi juré quand même) et la première place de son groupe de Ligue des Champions devant le Paris-SG, le Real reste un futur vainqueur de la compétition européenne.
Un fantôme jamais bien loin des affaires tricolores
Il faut donc comprendre que ça s’est joué en coulisse. Le président du Real est élu par les socios, supporteurs-actionnaires. Comptable devant ses électeurs, Florentino Pérez ne pouvait donc négliger les enjeux d’image : entre un Benitez qu’il avait expédié en cure d’amaigrissement dès son arrivée « car l’entraîneur porte le prestige du club » et un Zidane que le peuple madrilène pare de toutes les vertus depuis les exploits du joueur sous le maillot blanc entre 2001 et 2006, le bénéfice politique n’est pas le même. De plus, Zidane a su en quelque sorte « habiter » cette coulisse, un tropisme qui lui fut parfois reproché – et à juste titre – dans les couloirs de la Fédération française de foot (FFF).
Ainsi, la prolongation de contrat – de 2016 au Mondial russe de 2018 – obtenue au printemps dernier par le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, devait tout à Zidane ou plutôt à son fantôme, jamais bien loin des affaires tricolores. Cette prolongation visait à éloigner un spectre qui n’aurait pas manqué de rôder en amont de l’Euro 2016 en juin prochain, anticipant un possible échec des Bleus – c’est-à-dire de Deschamps – dans la compétition. Zidane avait déjà essayé de mettre la main sur la sélection en juillet 2012 après le renvoi de Laurent Blanc.