Le débat date du 19 novembre 2019 et nous avons laissé le soufflé retomber pour l’analyser à froid. Zemmour reçoit chaque jour (du lundi au jeudi) dans son émission, pardon, celle de Christine Kelly (la direction du groupe Canal lui a imposé une jolie brune à défaut d’une jolie blonde, on peut y voir un pied-de-nez) les cadors idéologiques du moment. C’est la seule émission de haut niveau politique, le reste étant vraiment repoussant d’infantilisation ou de manichéisme : ONPC sur France 2 avec la harpie Ruquier, 28 Minutes sur Arte avec la carpette Quin, ne parlons même pas de La Grande Darka sur C8 avec le piètre Naulleau, vidé de toute sa substance initiale.
La seule concurrence sérieuse aurait pu venir de la quotidienne de Taddeï, Interdit d’interdire, mais l’animateur s’est enfoncé dans le culturel et plus personne ou presque n’en parle. Une belle occasion manquée pour RT de convier la dissidence sur un plateau, et on ne dit pas ça uniquement pour Soral ou Dieudonné ! Reste Zemmour, qui reçoit comme un pacha ottoman du XIXe (siècle, pas arrondissement) les représentants des différentes sensibilités politiques du moment, sauf celle d’E&R, bien entendu. Pour l’instant.
En recevant Asselineau, l’essayiste ne risque pas de perdre ses jetons : l’un et l’autres sont des post-gaullistes bon teint qui diffèrent sur deux points, l’immigration et l’Europe. Deux points certes importants mais chaque camp a sa logique, logique de guerre pour Zemmour, logique de paix pour Asselineau. Le premier n’étant pas forcément plus dans la realpolitik que le second, car realpolitik ne rime pas forcément avec guerre, plutôt avec vision...
La remarque principale, c’est que Zemmour n’est pas contre la présence de la France dans l’Union européenne, alors qu’on aurait pu le croire frexiteur comme Asselineau. Asselineau dénonce les 9 milliards que la France verse en surplus à l’UE, sa contribution.
Zemmour : « Les 9 milliards font pâle figure à côté de nos budgets sociaux… Et pourquoi notre budget social est colossal selon moi, c’est parce que on l’ouvre au monde entier. Et ça c’est pas l’Europe qui nous oblige à faire ça. »
Asselineau : « Il y a 800 à 900 Français qui basculent chaque jour en dessous du seuil de pauvreté. »
Asselineau rappelle avec raison que c’est l’UE qui oblige la France à pratiquer l’austérité et à limiter la redistribution via par exemple la réforme de l’assurance-chômage. Vient le débat dans le débat sur l’immigration, le dada de l’immigré algérien devenu national-sioniste...
Zemmour : « Ce n’est pas l’immigration clandestine qui m’est chère monsieur Asselineau, c’est l’immigration tout court. Je pense comme 70 % des Français qu’il faut arrêter toute immigration… Vous vous trompez de combat hiérarchiquement premier. Vous pensez vous que le combat premier en haut de l’échelle c’est la souveraineté, moi je pense que c’est l’identité. »
Zemmour à 10’53 : « Vous savez, si dans 50 ans nous sommes devenus une république islamique, elle peut être souveraine, ce sera plus la France non plus. »
Pour l’instant, nous sommes plus dans une république sionique que dans une république islamique.
Zemmour : « Je pense que la démographie est plus importante que le droit. »
Comprendre le droit du sang prime le droit du sol. La phrase de Zemmour résonne étrangement quand on pense au credo israélien. Les gouvernement israéliens s’assoient sur le droit, le bafouent chaque jour, et mènent une lutte perdue d’avance contre la démographie arabe. On comprend à travers les mots de Zemmour que la minorité qui pratique l’apartheid ne partagera pas le pouvoir avec la majorité, si d’aventure en 2050 il y a plus d’Arabes que de juifs en Israël ! L’entité raciste du Proche-Orient ne sera pas invitée dans le débat, mais Asselineau visera juste sur les intentions mortifères du journaliste...
Asselineau à 12’17 : « Moi ce qui me gêne énormément dans votre discours monsieur Zemmour, c’est que c’est un discours dont je ne vois pas la finalité parce que à partir du moment où on n’a pas le pouvoir, la seule logique de votre discours c’est d’arriver à la guerre civile. »
Ce débat ne sera qu’une juxtaposition de deux cohérences, qui ne trouveront pas de terrain d’entente ou un dépassement mutuel.
Il reste l’impression forte que Zemmour est le pivot du débat politique, elle a beau être minoritaire, c’est la nouvelle ligne du Système : tout le monde vient s’y coller, s’y heurter ou s’y opposer. C’est une ligne de fracture ou de démarcation. C’est aussi l’architecture du discours systémique depuis que le discours socialo-sioniste a échoué : alors on va plus loin et on sort le plan B, le discours national-sioniste. Le Système recule d’un pas et défend en reculant.
De la même façon que Libé pense sauver ses marges en changeant sa mise en page sans toucher à son contenu et à sa ligne idéologique, le Système ne change pas son principe fondamental : le sionisme. Le sionisme, on le voit, est capable de s’habiller de toutes les parures ou de tous les camouflages pour perdurer. Il a été socialiste, il devient nationaliste. Il a été immigrationniste, il devient souverainiste. Mais un souverainisme sioniste, s’il cela a un sens pour Israël, n’en a aucun pour la France, c’est même un contresens. C’est ce discours fondamental – « vive la Francisraël » – qu’il sera difficile à faire avaler aux Français, à moins qu’ils ne deviennent profondément islamophobes, et ce, à coups d’insécurité et d’attentats. Insécurité de basse ou de haute intensité, les ingénieurs sociaux font varier le curseur au gré de leurs besoins. Mais là aussi, radicaliser la situation peut avoir des effets pervers, faire éclater la vérité et révéler les manipulations...
Dans ce débat, il ne s’agira jamais de la question fondamentale, le principe fondamental du Système. Il revenait à Asselineau de perturber Zemmour sur ce siège fragile, mais Asselineau, malgré deux ou trois incursions en territoire ennemi (de la France), en l’occurrence sur la kabbale, a respecté le pacte de non agression du sionisme. On pourra alors parler d’immigration sans évoquer les déclencheurs de l’immigration de masse, les ouvreurs de vannes que Zemmour voue aujourd’hui aux gémonies, sans jamais les nommer, ou alors sous l’euphémisme de « la gauche ». Asselineau n’est pas contre l’immigration, il rappelle que son mouvement compte beaucoup de Français d’origine immigrée.
Selon Zemmour, la France sur le regroupement familial peut « s’asseoir sur la directive » de Bruxelles, celle qui avait empêché Raymond Barre en 1979 de revenir sur la décision de Giscard et Veil. Il veut dire par là qu’Asselineau a tort de penser que l’Europe nous enserre dans ses griffes et que la France ne peut rien tant qu’elle est dans l’Europe. Il cite les Italiens qui ont peu de regroupement familial et le Danemark qui l’a carrément refusé. Zemmour plaide pour une politique nationale dans le cadre de l’UE, mais vraiment nationale, qui défend ses intérêts, et reproche à Asselineau d’être plus un technocrate qui croit aux « directives » qu’un politique capable d’agir comme de Gaulle en son temps, lorsqu’il avait pratiqué « la politique de la chaise vide ». La réponse d’Asselineau donne raison à Zemmour à 14’26 :
Asselineau : « Moi je suis fatigué de ces responsables politiques ou journalistiques qui expliquent aux Français qu’il faudrait avoir à la tête de l’État quelqu’un qui piétine le droit. Si on piétine le droit c’est la porte ouverte à la loi de la jungle. Je suis désolé, l’article 5 de la Constitution pose que le président de la République est le garant du respect des traités, il est également le garant de l’unité nationale. Et c’est quelque chose auquel vous ne prêtez jamais attention, je vous dis que le discours que vous tenez est un discours qui consiste continuellement à jeter de l’huile sur le feu sans qu’il y ait un résultat concret… »
Asselineau reproche très justement à Zemmour d’agiter le chiffon rouge du voile ou du burkini devant le taureau français, pendant que le pouvoir détruit notre modèle social et désunit le pays. Zemmour confirme benoîtement l’accusation du président de l’UPR à 17’13 :
Zemmour : « Deuxièmement, quand vous me dites “il faut rassembler”, mais rassembler sur quoi ? Rassembler autour de quoi ? Quand vous avez deux civilisations qui s’affrontent sur le même sol, ce n’est pas être un boutefeu de dire “attention on va à la catastrophe” ! Quand on annonce la catastrophe ça veut pas dire qu’au contraire on l’aggrave (!), au contraire on annonce pour l’éviter ! Et on annonce pour dire “voilà y a des mesures à prendre avant”. Et on peut très bien les prendre sans sortir de l’Union européenne. »
Les « mesures à prendre avant », c’est l’agression préventive à l’israélienne contre les Palestiniens spoliés ?
Rappel : Zemmour reproche à Asselineau de vouloir sortir de l’UE et de ne pas fermer la porte aux peuples du Sud. Touché, l’essayiste fait l’âne à 23’25...
Zemmour : « Quand vous me dites que je divise, moi j’aimerais savoir sur quoi vous rassemblez. »
Conclusion ? Pour dépasser son score de 1,2 % en 2017, Asselineau devra être plus dur avec Zemmour et aller le chercher sur ses bases sionistes, sinon il ne pourra que se casser les dents contre un roc.