La prise de Bakhmout pourrait être irréversible pour l’Ukraine. C’est en tout cas la crainte exprimée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky au sujet de cette ville devenue l’épicentre de combats particulièrement meurtriers depuis plusieurs mois en Ukraine. Une cité martyre, qui pourrait tomber « dans les prochains jours », à entendre les estimations de l’OTAN.
« Nous comprenons qu’après Bakhmout, ils pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre pour les Russes (...) vers d’autres villes d’Ukraine », a estimé Volodymyr Zelensky dans une interview à CNN diffusée ce mercredi 8 mars.
Car face à la crainte de laisser un boulevard aux Russes pour s’emparer de villes de l’est de l’Ukraine, le président ukrainien a encore fait savoir que son armée ne lâcherait pas le moindre centimètre à Bakhmout. « J’ai eu une réunion avec le chef d’état-major hier et les commandants militaires en chef (...) et ils ont tous dit que nous devions rester forts à Bakhmout », a fait savoir le président de l’Ukraine.
Ukrainian President Volodymyr Zelensky says in an interview with CNN that Russian troops will have “open road” to capture key cities in eastern Ukraine if they seize control of Bakhmut https://t.co/e9zC5AggWY pic.twitter.com/Yw5nFJ523g
— CNN (@CNN) March 7, 2023
« Bien sûr, nous devons penser à la vie de nos militaires. Mais nous devons faire tout ce que nous pouvons pendant que nous recevons des armes, des fournitures et que notre armée se prépare à la contre-offensive », a-t-il ajouté. Et ce au moment où les Russes disent progresser dans leur prise de cette ville devenue le théâtre de la plus longue et la plus meurtrière bataille depuis le début de l’invasion russe, il y a plus de 12 mois maintenant. La BBC fait d’ailleurs état de 20 000 à 30 000 victimes russes, selon des responsables occidentaux au sujet des combats à Bakhmout, commencés à l’été 2022.
Une localité qualifiée même de « nœud important (des lignes) de défense des soldats ukrainiens dans le Donbass » selon les mots prononcés mardi par le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. « Sa prise permettra de mener de nouvelles opérations offensives en profondeur », a-t-il ajouté lors d’une réunion.
Or le risque de voir la ville tomber aux mains des Russes se précise, a expliqué ce mercredi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN.
« Nous ne pouvons pas exclure que Bakhmout tombe finalement dans les prochains jours », a-t-il déclaré en marge d’une réunion des ministres européens de la Défense à Stockholm. Et de nuancer tout de même l’importance qu’aurait un tel événement. « Cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant de la guerre. Mais cela souligne que nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Nous devons continuer à soutenir l’Ukraine. »
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Et les craintes de Volodymyr Zelensky au sujet des avancées russes semblent fondées, comme en attestent les récentes déclarations d’Evgueni Prigojine, fondateur du groupe paramilitaire Wagner. « Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l’est de la rivière Bakhmoutka » traversant la cité, a affirmé le patron du groupe, encore récemment en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire russe, qu’il accuse de ne pas livrer suffisamment de munitions à ses hommes.
Dans son dernier compte rendu, publié mardi, l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un groupe d’experts américain, a en effet estimé que les troupes du Kremlin avaient « vraisemblablement » capturé cette partie orientale, après un « retrait contrôlé » des forces ukrainiennes.
NEW : Ukrainian President Volodymyr Zelensky stated on March 7 that the hypothetical #Russian capture of #Bakhmut would provide Russian forces an “open road” to key cities in #Donetsk Oblast. ISW continues to assess, however, that Russian forces lack the https://t.co/TTOEo43Tni… https://t.co/lKFCf1l5aD pic.twitter.com/gIVVc9qf6R
— ISW (@TheStudyofWar) March 8, 2023
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Cependant, les troupes de Wagner mènent cette attaque au prix de pertes très importantes, de l’aveu même d’Evgueni Prigojine. Une situation qui pousse Kiev à continuer l’affrontement à Bakhmout pour user encore davantage les forces offensives russes. Et si Kiev tient bon suffisamment longtemps, cela lui permettra de préparer et lancer sa contre-offensive, prévue grâce aux armements lourds et blindés modernes promis par les Occidentaux.
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