Est-ce une menace ou une façon de réclamer les lauriers de la probable conquête de Bakhmout ? Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne dans l’est de l’Ukraine, s’est de nouveau plaint d’un manque de munitions, attribuant les retards de livraison à une possible « trahison ».
« Des ordres ont été donnés pour la livraison le 23 février. Mais à ce jour, la plupart des munitions n’ont pas été envoyées », a déclaré Prigojine dans un message publié dimanche soir sur les réseaux sociaux. Il a évoqué deux raisons possibles pour expliquer ce retard : « La bureaucratie ordinaire ou une trahison. » Dans une autre vidéo publiée ce week-end, le responsable prévient. « Si Wagner se retire maintenant de Bakhmout, c’est le front tout entier qui s’effondrera. » « Il s’effondrera jusqu’aux frontières de la Russie, peut-être même plus loin. De manière générale, la situation ne sera pas des plus agréables », a-t-il poursuivi.
Le mois dernier, Evgueni Prigojine avait multiplié les critiques virulentes à l’adresse du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et du chef d’état-major, Valeri Guerassimov, les accusant de commettre une « trahison » en refusant de fournir des munitions à Wagner.
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Ces tensions récurrentes sont-elles le signe d’une véritable rivalité au sein des forces militaires russes sur le front ? « On fait beaucoup attention au jeu personnel de Prigojine car on aimerait voir des dissensions politiques », tempère le général 2S et chercheur à la FRS Olivier Kempf. « Et si à l’évidence, il y a des luttes d’influence au Kremlin, et que Prigojine en est un acteur, poursuit-il, il a choisi, contrairement aux autres, une stratégie de communication qui consiste à faire du bruit mais il est difficile de savoir ce que cela traduit réellement. »
Difficile de croire par exemple, fait observer le chercheur, que Wagner rencontre de vraies difficultés d’approvisionnement alors que le rapport de feu est clairement à l’avantage des Russes. […]
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Il semblerait que l’on assiste là à ce que Xavier Moreau décrivait dans son dernier bulletin géostratégique en date : la mise en spectacle de dissensions d’apparence, la prise de parole au sein des forces russes de la part du seul qui peut se permettre d’exprimer une opinion libre puisqu’il n’appartient pas à l’armée et n’a pas le même devoir de réserve : Prigojine, le chef de la milice Wagner.
Nourri de propagande médiatique occidentale, on ne doit y voir que dissensions et difficultés d’approvisionnement en munitions. De quoi donner du moral aux troupes kieviennes et envie aux chancelleries européennes de permettre à Zelensky de poursuivre la guerre pour reprendre les territoires perdus et conduire la Russie à la défaite. Soit, en réalité, l’opportunité pour cette dernière de poursuivre sa guerre d’attrition en continuant de détruire les forces ukrainiennes sous perfusion qui viennent à elle.