C’est le premier grand drame du mois d’août, révélé par le très consciencieux Canard enchaîné, le journal qui tient les Français informés de ce qui compte vraiment, soit la politique non profonde. Nous allons essayer de traiter cette information avec des pincettes car elle met aux prises une personnalité de couleur (noire) et une personnalité de confession (juive). Un terrain miné tous les deux mètres.
La chargée de presse de @EmmanuelMacron à l'@Elysee @SibNdiaye à propos de S.Veil : "Yes, la meuf est dead" [canardenchaine cc @Elysee_Com] pic.twitter.com/ejbVJkiRR8
— Jérôme Godefroy ® (@jeromegodefroy) 2 août 2017
Sibeth Ndiaye, c’est la conseillère en communication du président. Elle a fait feu de tout bois pendant la campagne avec les rédactions. Son portable brûle de SMS entrants et sortants du matin au soir. Le jour du décès de Simone Veil, soit le 30 juin 2017, Sibeth envoie – selon l’hebdomadaire satirique – une confirmation à un journaliste qui lui demandait si la future panthéonisée était bien décédée, sous la forme suivante :
« Yes, la meuf est dead »
Une forme de communication à l’américaine, parce que ça fait beaucoup fantasmer les Français, ce mélange de désinvolture, de vitesse et de franglais. On a l’impression, quand on s’exprime ainsi, d’être dans une autre dimension, d’appartenir un peu aux dieux... de l’Amérique qui a 10 ans d’avance en la matière.
Tu sais quoi @ylhenoret ? Ton film, c l'histoire vraie d'une aventure de folie ds une équipe de dingues que je love cc @EmmanuelMacron #merci
— Sibeth Ndiaye (@SibNdiaye) 8 mai 2017
Mis au courant de ce SMS blasphématoire pour la mémoire (toute fraîche) de la grande disparue, aussitôt, dans son édition du 2 août 2017, le Canard balance l’affaire à des lecteurs médusés : comment peut-on traiter une Sainte de la sorte ? Même morte, Simone 1ère est intouchable, et Sibeth a fait une énorme boulette.
« L’étoile montante de la galaxie Macron » (France 24)
Pourtant, Sibeth a toujours fait ça, et les rédactions étaient très contentes, parce que ça allait vite, ça tutoyait, ça s’américanisait dans une bonne ambiance, ça changeait de la « com » à l’ancienne, Anne Méaux et compagnie. Le Canard cite un autre conseiller de Macron qui explique en toute innocence :
« Elle a pris l’habitude d’appeler les rédactions pour commenter les articles, mais la campagne est terminée, une nouvelle ère commence, c’est fini la bande de potes qui dégomme tout ce qui bouge »
Macron, qui envisage de « mettre Sibeth Ndiaye sous tutelle », oublie qu’il s’est servi d’elle pendant la campagne, imposant un changement de style et de couleur qui avait pour but de matérialiser la fameuse modernisation de la vie et des habitudes politiques...
Sauf que là, la Sibeth a roulé sur un os : on ne parle pas ainsi de la plus grande Française de tous les temps, venus et à venir. Et on se demande si à travers sa coupable légèreté, la conseillère n’est tout simplement pas accusée d’une forme nouvelle d’antisémitisme : l’insouciance face aux vrais puissants.
Faut-il rouvrir le procès de Nuremberg pour Sibeth ?
Devant l’article-délation du Canard qui prend des proportions dantesques, Ndiaye dément farouchement avoir écrit ce SMS. La presse, qui avait trouvé en elle le symbole du renouvellement de la vieille politique, se retourne et tire à boulets rouges sur la jeune femme noire au « look décalé ».
Le conseil de E&R
Sibeth, aujourd’hui en Macronie tout est permis, toutes les valeurs peuvent être renversées, tous les codes peuvent être transgressés, tous les tabous peuvent être brisés, tous, sauf un.