De violents combats dans le sud du Yémen entre rebelles chiites et partisans du président soutenu par l’Arabie saoudite ont fait près de cent morts ces dernières 24 heures, alors que la Croix-Rouge peine à faire parvenir l’aide humanitaire.
Au douzième jour de l’opération militaire menée par l’Arabie saoudite, les combats se concentraient lundi dans le sud où au moins 94 personnes ont été tuées, dont 53 à Aden, deuxième ville du pays, selon un bilan obtenu de différentes sources.
La situation humanitaire empire de jour en jour dans le pays où les hôpitaux, faute de médicaments, ne peuvent plus soigner les blessés qui se comptent par centaines. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fait état lundi de « problèmes logistiques » pour acheminer son aide. « Nous avons les autorisations pour acheminer un avion cargo chargé de fournitures médicales », a déclaré à l’AFP une porte-parole du CICR, Sitara Jabeen. Mais il y a un problème concernant l’atterrissage à l’aéroport de la capitale Sanaa, où « de moins en moins d’appareils peuvent se poser ».
Les secours sont bloqués malgré des efforts intenses et des contacts répétés ces derniers jours avec toutes les parties en conflit, a souligné l’organisation internationale. Quelque 48 tonnes de médicaments et de kits chirurgicaux attendent le feu vert pour partir par avion ou par bateau, selon le CICR, qui précise que ceux-ci permettraient de traiter entre 2.000 et 3.000 personnes. Le CICR se tient également prêt à expédier des tentes, des générateurs et des équipements pour réparer les réseaux d’approvisionnement en eau endommagés. Une équipe chirurgicale de quatre personnes est en stand-by à Djibouti en attendant d’être déployée à Aden.
Le Pakistan débat de sa participation
La situation est particulièrement tendue à Aden, le grand port du sud. Les affrontements se sont soldés depuis dimanche par « la mort de 17 civils et de 10 combattants des comités populaires », ces partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi réfugié à Ryad, a déclaré à l’AFP une source médicale. De son côté, une source militaire a donné un bilan de 26 morts parmi les rebelles Houthis soutenus par l’Iran. Ces miliciens et leurs alliés, des militaires fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, qui s’étaient emparés l’an dernier de Sanaa et de vastes régions du nord et du centre, ont réussi début mars à avancer vers Aden.
Ils y ont pris dimanche le contrôle du siège de l’administration provinciale. Les rebelles tentaient lundi, selon des témoins, d’avancer dans le quartier Al-Moalla pour prendre un port proche. Ils se heurtaient à la résistance de combattants des « comités populaires », ravitaillés en armes et munitions par la coalition. À Dhaleh, toujours dans le sud, les combats ont fait au moins 19 morts parmi les rebelles et 15 parmi des membres des « comités populaires », a déclaré à l’AFP un responsable provincial, ajoutant que les belligérants ont « utilisé des armes lourdes ».
« Des combats de rue ont eu lieu à Dhaleh après l’arrivée d’importants renforts des Houthis en provenance d’Ibb », plus au nord, a indiqué un autre responsable provincial. À Zinjibar, capitale de la province d’Abyane, à l’est d’Aden, des membres des « comités populaires » assiègent depuis dimanche soir la Brigade 115 de l’armée, fidèle à l’ex-président Saleh et qui a pris fait et cause pour les Houthis, selon des partisans de M. Hadi. Les « comités populaires » ont pris tard dimanche, avec l’appui d’hommes armés des tribus, le contrôle de la localité de Doufes, sur la route reliant Zinjibar à Aden, pour empêcher l’arrivée de renforts à la Brigade 115.
Les combats autour de Doufes ont fait deux morts parmi les supplétifs de l’armée et cinq parmi les Houthis, selon des sources médicales. Au Pakistan, le parlement devait débattre lundi de la participation ou non d’Islamabad à la coalition au Yémen. L’Arabie Saoudite demande à son allié sunnite des avions, des navires militaires et des troupes au sol.