Coupures d’électricité, destruction des caméras de surveillance, caches de drogue. Après deux ans de paix, la cité Reverdy dans le XIXe arrondissement de Paris est de nouveau victime de trafics. Impuissant face au retour des dealers récemment sortis de prison, un policier témoigne auprès du Parisien.
La cité Reverdy, à proximité du quai de la Loire, est connue depuis près de 10 ans comme une plaque tournante du crack à Paris. En mai 2018, cinq familles de dealers en ont été expulsées, les principaux protagonistes emprisonnés, permettant au quartier de reprendre vie. Sauf qu’en novembre dernier, l’une des têtes du trafic sort de prison. Sans se réinstaller dans le quartier, il y réorganise son réseau et les incidents se multiplient de nouveau, relate Le Parisien.
« Pour pouvoir faire leur business dans le noir, ils ont pété le bloc EDF qui alimente l’électricité de la rue », témoigne auprès du quotidien un policier resté anonyme. « Ils détruisent régulièrement la caméra PVPP (caméra gérée par la préfecture) à l’angle des rues Reverdy et Moselle ».
Sans caméra et sans lumière, les dealers opèrent quasiment en toute impunité. Il s’agit de « mineurs d’une autre cité, parfois cagoulés, interpellés de nombreuses fois et relâchés », déplore le fonctionnaire. Un habitant souligne toutefois que « la BAC (brigade anti-criminalité) du XIXe fait pourtant souvent des descentes ».
Caches de drogue dans les gaines techniques
À plusieurs reprises, les dealers ont tenté d’accéder aux sous-sols et autres locaux censés être protégés par le gardien de la cité. Sauf qu’il n’y a plus de gardien depuis que le dernier est parti en congé maladie après avoir été menacé de mort.
« Évidemment, ça ne se bouscule pas au portillon pour aller travailler là-bas », admet auprès du journal un employé de la RIVP (régie immobilière de la ville de Paris) à laquelle appartiennent les blocs HLM.
Les policiers retrouvent désormais régulièrement, comme en août, des galettes de crack, notamment dans les gaines techniques de la cité ou arrêtent certains trafiquants possédant plusieurs milliers d’euros en liquide. « Pour l’instant, le business tournerait autour de 2 000 euros de chiffre d’affaires par jour », estime un témoin averti.
Un quartier délaissé ?
Evesa, la société qui gère et entretien l’éclairage public dans la capitale, assure réparer les lampadaires du quartier après chaque « signalement de pannes ». « Le remplacement des coffrets d’alimentation vandalisés par du matériel plus robuste dépend de la Ville », souligne cependant un porte-parole de l’entreprise, ajoutant que « des discussions sont en cours avec la mairie dans ce sens ».
« Ce quartier est négligé. On ne donne pas assez de moyens aux policiers. Il faudrait les équiper de caméras tactiques, invisibles », précise au Parisien une autre source proche du dossier. Si l’éclairage a été rétabli lundi 14 septembre, un autre élément redonne espoir aux habitants : l’un des frères responsables du trafic a été renvoyé en prison au début du mois. « Il y a moins d’activité qu’il y a trois semaines », se réjouit un résident.