Les États-Unis visent une réouverture de leur ambassade à La Havane d’ici avril, ont déclaré à l’agence Reuters des responsables de l’administration américaine.
Les deux pays ont lancé mi-décembre un processus de normalisation de leurs relations après plus d’un demi-siècle de rupture et de confrontation.
Washington presse La Havane d’accepter la réouverture de cette ambassade en dépit de la position cubaine, qui réclame au préalable d’être retirée de la liste noire des pays accusés par les États-Unis de soutenir le terrorisme. Ce processus, mené par le département d’État, pourrait prendre davantage de temps, peut-être jusqu’en juin voire plus tard, ont déclaré deux responsables américains.
L’administration américaine espère rétablir les relations diplomatiques avec Cuba avant le sommet des Amériques, qui se tiendra les 10 et 11 avril au Panama et où Barack Obama rencontrera son homologue cubain Raul Castro pour la première fois depuis la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, en décembre 2013.
Depuis leur annonce historique et quasi simultanée du 17 décembre dernier, Obama et Castro ont délégué des représentants pour discuter dans le détail du processus de normalisation. Un premier cycle s’est tenu le mois dernier à La Havane, un deuxième est prévu pour ce mois-ci ou début mars à Washington.
Si la reprise de relations diplomatiques peut intervenir rapidement, la normalisation sera plus longue, notamment la levée de l’embargo décrété par Washington contre l’île communiste en février 1962.
De même source, on souligne que dans les négociations en cours, le gouvernement cubain n’a pas fait stricto sensu de son retrait de la liste noire des pays soutenant le terrorisme une condition indispensable au rétablissement de liens.
Mais les délégués cubains ont clairement indiqué aux représentants de Washington que La Havane souhaitait disparaître de cette liste avant une réouverture des ambassades.
« Rien n’indique que Cuba a armé des groupes terroristes »
Cuba a été placée sur la liste en 1982 au motif que Fidel Castro, qui présidait alors l’île, armait et formait des guérillas communistes en Afrique et en Amérique latine.
Trois autres pays seulement figurent sur cette liste : l’Iran, le Soudan et la Syrie. En disparaître serait une victoire symbolique majeure pour La Havane, qui se dit victime d’une injustice.
Aux États-Unis, et sans attendre l’annonce historique du 17 décembre, la présence de Cuba sur la liste noire fait débat depuis quelques années.
Dans son dernier rapport annuel sur le terrorisme, le département d’État explique que La Havane a longtemps abrité des membres du mouvement séparatiste basque ETA et des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Mais l’ETA, nettement affaibli par les polices espagnole et française, a appelé au cessez-le-feu en 2011 et promis de déposer les armes. Quant aux Farc, elles sont engagées depuis deux ans dans un processus de paix avec le gouvernement colombien.
« Rien n’indique que le gouvernement cubain a fourni des armes ou des entraînements paramilitaires à des groupes terroristes », reconnaît le département d’État.
La Maison-Blanche, disent ces responsables américains, a ordonné au département d’État de réexaminer la présence de Cuba sur la liste noire.
Pour parvenir à cet objectif, Obama doit soumettre au Congrès un rapport établissant que La Havane n’a soutenu aucune activité liée au terrorisme dans les six derniers mois et qu’elle a fourni des assurances qu’elle ne le ferait pas à l’avenir. Cuba serait alors automatiquement retiré de la liste au terme d’un délai de 45 jours.