Plus personne en France n’ignore que le Président en personne est non pas déconnecté, mais complètement hors-jeu : il ne comprend pas ce qui arrive, il n’a jamais affronté un problème de ce type et n’est définitivement pas l’homme de la situation. S’il est toujours en poste, c’est par le jeu des institutions, mais il a clairement perdu la main sur le pouvoir. En politique, on conteste toujours celui qui est en train de perdre le pouvoir, pas celui qui le détient. La contestation correspond exactement à la perte de pouvoir du politique. La répression actuelle est le signe de la perte d’autorité. La bande à Macron-Castaner, qui est en train de perdre les pédales, perd aussi le pouvoir. Du coup, certains en profitent pour le leur disputer. Anne Hidalgo, menacée à Paris par les sbires LReM, est sur les rangs. Mais contester ne suffit pas : il faut contester avec raison.
Je viens de voir à la télé des blacks blocs avec une meuleuse..., comment font ils pour passer avec ces outils, alors que les gilets jaunes voient leur masque en papier et lunettes de protections sont confisquées par des fouilles.. les blacks blocs ne sont pas fouillés ?
— jean-luc (@gelleejeanluc) 16 mars 2019
Le pouvoir, s’il a quitté l’Élysée, n’est pas perdu pour tout le monde. Au profit de qui a-t-il disparu ? De la rue, de la police, des opposants politiques et des radicaux de toutes sortes. Quand l’État faiblit, et l’État libéral (oxymore de toute beauté) est par définition affaibli, ce sont les forces occultes, des forces nouvelles et la rue qui prennent ou reprennent le pouvoir. D’où les affrontements de plus en plus violents entre émeutiers, Gilets jaunes, casseurs, antifas, provocateurs (de la police politique) et forces de l’ordre.
Avec, au-dessus de la mêlée, les lobbies et leurs prolongements médiatiques qui appellent à une répression plus féroce encore (on vous passe le tweet d’Éric Naulleau [1]), fragilisant définitivement le pouvoir politique officiel. Pour les chercheurs politologues, la phase est hautement intéressante, et ça doit cogiter dans les unités de recherche.
- Bonjour Mr le black-block, c'est pour un pillage ?
- Bonjour Mr le policier, tout à fait !
- Allez-y, on vous protège avec mes collègues.
- C'est mon 10° pillage aujourd'hui, vous pouvez me tamponner ma carte de fidélité ? LREM offre un marteau gratuit.pic.twitter.com/245yREJMcr— Manu, élu par l'UOIF, frères français du HAMAS (@fr4pper) 17 mars 2019
Les événements parisiens de l’Acte XVIII ont réveillé une mobilisation que l’on disait, que la presse disait, moribonde. Et ça n’a pas l’air d’être le chant du cygne, n’est-ce pas monsieur Le Figaro. Depuis le temps que les journaux sifflent la fin de la récré, il serait peut-être temps qu’ils changent de sifflet, ou qu’ils admettent que leur arbitrage ne sert plus à rien : tout le monde s’en fout. Les admonestations de la presse mainstream, les Gilets jaunes se torchent avec. L’état de la presse française n’était déjà pas bien beau mais là, ça frise... le moribond ! Un moribond piétiné par tout le monde qui continue à siffler dans le vide, jusqu’à son dernier souffle...
Anne Hidalgo, le maire de Paris, qui s’était un temps planquée à Tel-Aviv pour inaugurer une statue du capitaine Dreyfus – c’est son truc la lutte contre l’antisémitisme, la lutte contre les clandestins, la saleté endémique parisienne, elle s’en fout, en cas de crise elle plante des arbres, comme après le 13 Novembre, ou fait joujou avec l’interrupteur de la Tour Eiffel – a décidé de prendre le taureau jaune par les cornes : ça suffit comme ça ! Après 17 samedis de silence pesant, ne prenant pas parti dans la contestation, ni pour le pouvoir ni pour les Gilets jaunes, ce qui est stupéfiant pour une socialiste, l’Anne prend enfin la parole. Et agit : elle est restée toute la journée du 16 mars 2019 « en cellule de crise », nous apprend Le Parisien.
Alors attention, passer une journée en cellule de crise ne signifie pas se faire interner en HP pour 24 heures suite à une crise de nerfs, il s’agit d’une espèce de réunion entre responsables pour donner l’image qu’on est à la hauteur des événements, qu’on sait quoi faire pour résoudre le problème. Mais en fait on sait que dalle, on patauge dans la bouillasse, on pond un communiqué à la presse et on serre les fesses. Macron a fait pareil en revenant du ski, il a tapé du poing sur la table et s’est fait mal à la mimine.
Je n'ai jamais vu une cellule de crise aussi protocolaire ! @EmmanuelMacron a sans doute mis en scène son pitoyable retour de fuite avec pour décor un de cellule de crise totalement factice, mise en place pour le besoin que les ministres ont été invités à rejoindre en toute hate ! https://t.co/xcY5fFx1MF
— Claude Doussiet (@DoussietClaude) 17 mars 2019
La colère de l’édile est d’abord dirigée contre le gouvernement, incapable selon elle de rétablir l’ordre. Logique, puisque ce gouvernement depuis près de deux ans applique un programme de désordre social en France, mais ça, elle ne le dit pas. Normal : le désordre social, à Paris, ça la connaît !
« Je suis extrêmement choquée par ces violences. J’ai assisté à des scènes incroyables, j’ai vu le nombre de boutiques dévastées... Ce qui s’est passé est d’une violence inouïe. Je pense aux forces de l’ordre, aux pompiers, aux citoyens.
Vous attendiez-vous à un tel scénario ?
Les semaines passées, le mouvement s’était tassé. Les dernières infos laissaient cependant présager d’une situation de violence mais là... c’est effrayant. Je partage totalement la colère des Parisiens. Ce que j’ai vu ce soir, ce sont des groupes d’extrême droite qui veulent fragiliser la démocratie et des groupes de pilleurs.
Ces images d’un Paris saccagé vont encore faire le tour du monde...
Je suis vraiment en colère. Quand je vois cette ville, cette avenue (des Champs-Élysées), les commerçants, les citoyens, quand je vois tous les efforts réalisés pour se relever à chaque fois, pour aller de l’avant... Paris a su se relever du pire, je pense notamment aux attentats, mais tous ces efforts sont ruinés. »
Contre l'évidence, #AnneHidalgo, maire de Paris, dit avoir vu "des groupes d'extrême droite" dans le saccage des #ChampsElysees. Cette #FakeNews ne dérange personne ?https://t.co/VXnrTtGSCz
— Ivan Rioufol ن (@ivanrioufol) 17 mars 2019
En fait de « groupes d’extrême droite », la casse venait surtout de groupes masqués curieusement protégés par la police, ou en tout cas non réprimés. Quant aux responsables de l’incendie du Fouquet’s, les versions divergent...
Cette vidéo montre que ce sont les palets des lacrymo qui ont mis le feu aux toiles du #Fouquets #GiletsJaunes #Acte18 #ActeXVIII #16Mars #YellowVests #Paris pic.twitter.com/ro1DWM7kwr
— Angry_Bisounours (@lapin47) 17 mars 2019
Raphaëlle Bacqué du Monde a elle aussi été choquée au plus profond de son être par l’attentat des gueux contre la brasserie :
« Les semaines précédentes, il y avait toujours des manifestants pour protester contre les pilleurs.Cette fois rien. A l’avant, les casseurs incendient. A l’arrière, on prend des selfies ». Récit de la manif des gilets jaunes @lemondefr https://t.co/NLdFgXkrhQ
— Raphaelle Bacqué (@RaphaelleBacque) 16 mars 2019
Mais dans le genre scandalisé, personne ne peut dépasser la cime habibienne, avec un Meyer qui a mal à « sa » France et qui arrive quand même à refourguer le conflit israélo-palestinien, comprendre que les Gilets jaunes sont les Palestiniens (et que Paris est Tel-Aviv ?), donc de dangereux antisémites :
Intifada en plein Paris #ChampsElysées #ActeXVIII #GilesJaunes. Paris saccagé ! magasins pillés ! État de droit bafoué ! drapeaux palestiniens exhibés, gouvernement humilié, nous sommes la risée du monde ! 18 semaines qu'on empêche les commerçants de travailler ! J'ai mal à ma pic.twitter.com/BFlz0btQlX
— Meyer Habib (@Meyer_Habib) 17 mars 2019
Du côté du Président déchu, on nage aussi dans le délire des amalgames, car il rend tous les Gilets jaunes « complices » des violences de l’Acte XVIII :
Ce qu’il s’est passé aujourd’hui sur les Champs-Élysées, ça ne s’appelle plus une manifestation. Ce sont des gens qui veulent détruire la République, au risque de tuer. Tous ceux qui étaient là se sont rendus complices de cela.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 16 mars 2019
C’est pas avec ce genre de divagation qu’il va remonter dans les sondages – même trafiqués par ses amis et obligés des médias –, le pauvre !
Heureusement, face aux délires des représentants de l’oligarchie, les Français conservent leur lucidité et même leur humour :
Je ne lâcherais aucune larme pour le Fouquet's, les banques ou les magasins de multinationales saccagés.
Ce qui me fait pleurer ce sont les violences policières, la misère dans laquelle vivent des millions de français, l'urgence climatique, la politique honteuse des puissants...
— Jean Hugon (@JeanHugon3) 16 mars 2019
— Guillaume Meurice (@GMeurice) 17 mars 2019