Petit coup de froid sur l’alliance des droites populistes européennes. Dans un entretien accordé à l’écrivain Bernard-Henri Lévy pour la revue américaine The Atlantic, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán explique pourquoi il refuse de faire alliance avec Marine Le Pen.
Affirmant d’abord avoir une « bonne relation personnelle » avec Emmanuel Macron, qui en a pourtant fait son principal adversaire idéologique, le dirigeant conservateur dit n’avoir « rien à voir du tout » avec la présidente du Rassemblement national. Et ce en dépit de l’admiration régulièrement exprimée par celle-ci à son égard. Il ajoute :
« Laurent Wauquiez m’a prévenu qu’elle représentait une ligne rouge. »
Comptant le patron du parti Les Républicains parmi ses « amis », Viktor Orbán énumère ensuite les personnalités politiques françaises avec qui il entretient, ou a pu entretenir, des liens étroits :
« Nicolas Sarkozy, bien sûr. Jacques Chirac, qui m’a toujours accueilli chaleureusement. Et Valéry Giscard d’Estaing, une pierre angulaire, que j’essaie de croiser à chaque fois que je suis à Paris. »
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Dans The Atlantic, Viktor Orbán ne renie en revanche rien de son amitié pour Mattéo Salvini, homme fort du gouvernement italien et patron du mouvement d’extrême droite La Ligue.
« Il dirige un grand pays. L’Europe peut sanctionner un petit pays comme la Hongrie. Elle n’oserait pas s’en prendre à un pays comme l’Italie, qui compte 60 millions d’habitants. Qui plus est, l’Italie dispose d’une voix puissante. Elle tient fermement tête aux migrants – elle est en première ligne. »
Ce double-discours – écarter Marine Le Pen tout en louant les efforts de Matteo Salvini, deux personnalités qui se disent proches l’une de l’autre – risque bien de mettre à mal les efforts déployés par le RN pour créer un groupe populiste puissant au Parlement européen après le scrutin du 26 mai.