« Ça fait 36 ans que je suis maire, je n’ai jamais été corrompu par personne, et ce n’est pas demain la veille (...) J’ai commencé la politique avec Isabelle en étant riches, on a fini pauvres. »
La citation est de Patrick Balkany, au terme de la deuxième journée de son procès pour fraude fiscale. Ce dernier entend bien se défendre bec et ongle malgré la longue liste de chiffres prouvant un train de vie fastueux. Au cours de l’audience, le président de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris a pris le temps de lire l’ordonnance de renvoi pendant plus de deux heures. Une ordonnance de renvoi pourtant contestée par la défense.
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Si le président a souhaité verser au fond cette requête en nullité, qui sera donc examinée à la fin du procès, il a pris le temps de lire dans le détail les faits que l’on reproche aux époux Balkany, en l’absence d’Isabelle Balkany mais face à un Patrick Balkany concentré et particulièrement calme. Il a commencé par cette plainte du 1er juin 2016 de l’administration fiscale de l’Eure, qui soupçonne le couple d’avoir minoré ses revenus entre 2009 et 2014, mais aussi de s’être soustrait à l’impôt sur la fortune et à la contribution exceptionnelle sur la fortune. Le fisc s’étonnait de « la discordance supposée entre les revenus déclarés et le train de vie » du couple.
« Ils jetaient l’argent par les fenêtres »
Il a fallu une enquête longue de plusieurs années pour prouver que le domicile des Balkany, notamment après 1995 et leur brève séparation, se trouvait bien au moulin de Cossy, à Giverny, cette propriété de près de 1.300 m² comprenant 11 chambres, une piscine ou encore 50 m² de pool house. Pour cela, les enquêteurs se sont basés sur les abonnements aux péages d’autoroute pris pour faire des trajets quasi-quotidiens entre l’Eure et Levallois-Perret. Ils ont également recueilli les témoignages des employés de maison dont les salaires dépassaient largement les revenus qu’Isabelle et Patrick Balkany déclaraient séparément. De l’argent versé en partie en espèce.
« Quand M. Balkany rentrait à Giverny, il sortait de son attaché-case une enveloppe marron assez épaisse qu’il mettait au coffre. Il y avait 8.000 euros sur sa table de chevet, c’était son argent de poche. Ils jetaient l’argent par les fenêtres », a raconté pendant l’instruction l’une des employées.
« Deux cendriers en verre avec des bijoux et des liasses »
Isabelle Balkany n’est pas épargnée, elle qui va faire les courses à l’Intermarché du coin et qui revient la voiture pleine, se faisant livrer le reste de ses achats. À l’extérieur aussi, le train de vie des Balkany questionne. « Je me suis demandée ce qu’elle faisait dans la vie pour avoir autant de billets de 500 euros », dira au policier une commerçante. Les frais de pressing sont eux-aussi payés en espèce.
« Quand M. Balkany avait besoin d’argent, il descendait dans la salle de bain de sa femme. Il y a avait deux cendriers en verre avec des bijoux et des liasses. Dans la coiffeuse de madame, il y avait des espèces. Dans le coffre, il y avait plein de billets. »
A cela s’ajoutent les frais de voyages pour Saint-Martin et Marrakech : plus de 18.000 euros en 2010 et 2011, et 24.500 euros en 2012.
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