Durant ses seize années à la tête du gouvernement allemand, Angela Merkel s’est rendue à huit reprises en Israël, afin de marquer et d’entretenir la relation exceptionnelle qui prévaut entre les deux pays. Lors de sa « visite d’adieu », le mois dernier, elle a été saluée par Naftali Bennett, Premier ministre depuis la fin du printemps, en des termes particulièrement chaleureux.
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La chancelière allemande a néanmoins refusé, au cours de cette visite, de rencontrer Benyamin Nétanyahou, son homologue durant douze ans. Elle n’a pas voulu alimenter ainsi la virulente campagne que l’ancien Premier ministre mène contre son successeur. Mais elle a surtout désiré tourner la page d’une relation israélo-allemande régulièrement troublée par les provocations du chef du Likoud.
La polémique sur le grand mufti
Merkel ne pardonnera sans doute jamais à Nétanyahou d’avoir voulu réécrire l’histoire de la Shoah à des fins politiciennes. En octobre 2015, à la veille d’une visite officielle à Berlin, le Premier ministre israélien affirme, devant le Congrès sioniste mondial, réuni à Jérusalem, que le grand mufti de Jérusalem, Hajj Amine Al-Husseini, est l’inspirateur intellectuel de la Shoah. Il présente en effet en ces termes l’audience qu’Adolf Hitler a accordée, en novembre 1941, au dirigeant exilé de Palestine depuis quatre années :
« Il s’est envolé vers Berlin. Hitler ne voulait pas à l’époque exterminer les juifs. Et Hajj Amine Al-Husseini est allé voir Hitler en disant : “Si vous les expulsez, ils viendront tous ici”. “Que dois-je faire d’eux ?”’ demanda-t-il. Il a répondu : “Brûlez-les !” »
Alors que le compte-rendu de cet entretien, bien connu des historiens, n’a rien à voir avec cette fable, Isaac Herzog, alors chef de l’opposition, et aujourd’hui président de l’État d’Israël, parle d’une « dangereuse distorsion historique », appelant le Premier ministre à la « corriger immédiatement ». L’historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, va plus loin en dénonçant une « prostitution de la Shoah ».
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Le scandale des sous-marins
En juillet 2017, Merkel décide de suspendre la livraison de trois sous-marins à Israël, une semaine avant la signature définitive de ce contrat d’un montant de 1,5 milliards d’euros, dont un tiers subventionné par l’Allemagne. Une enquête est en effet ouverte en Israël pour corruption et blanchiment, visant les intermédiaires du constructeur allemand ThyssenKrupp, dont Dan Shimron, un lointain parent de Nétanyahou, dont il est depuis plus de vingt ans l’avocat personnel.
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