« L’Allemagne va débloquer un fonds spécial pour aider les survivants de l’Holocauste encore en vie, particulièrement menacés par le nouveau coronavirus, dans le monde entier. Le ministère des Finances allemand a conclu un accord en ce sens avec la Claims Conference, une association d’organisations juives.
“En temps de pandémie de Covid-19, l’Allemagne assume donc de manière particulière sa responsabilité historique envers les personnes persécutées par le régime nazi”, a déclaré une porte-parole du ministère. » ( Le Parisien)
Pour ceux que cela intéresse, cela fait maintenant presque 70 ans (1952) que l’Allemagne, réunifiée ou pas, verse des réparations aux victimes juives du nazisme. C’est la Claims Conference qui fait office de négociateur avec les autorités allemandes et cette année, coronavirus oblige, c’est une rallonge de 30 millions d’euros qui a été ajoutée aux plus de 500 millions versés chaque année aux survivants de l’Holocauste.
En réalité, cet argent versé au Trésor israélien ne va pas tout entier aux survivants, dont on sait que beaucoup vivent dans la misère. De plus, les réparations financières sont une chose, les aides militaires en sont une autre : les sous-marins d’attaque allemands vendus aux Israéliens n’ont pas coûté très cher à ces derniers.
Ces Dolphin de TKMS (Thyssen Krupp Marine Systems, ce même Thyssen qui profitait du travail forcé des détenus d’Auschwitz !)) ont donné lieu à un très fort soupçon de corruption, et là encore, un proche de Netanyahou est dans la nasse. Il y a à la fois réparation, puisque l’Allemagne, sur ce contrat de 1,7 milliard d’euros, en « finance » un tiers (540 millions), et rétrocommission.
Cette année, grâce à la Claims Conference, le pouvoir israélien touchera 30 millions de plus, et on espère qu’ils iront dans leur totalité aux véritables victimes de l’Holocauste, comme c’est prévu par les textes. Le pure player Slate a fait un article à la fois étonnant et courageux sur cette incongruité en 2012.
Pour la Claims Conference, le point crucial, c’est le comptage des survivants, qui détermine le montant de la réparation. Le site de l’agence de presse AP (Associated Press ) précise ce recalcul.
À la suite des négociations avec la Claims Conference depuis 1952, le gouvernement allemand a payé plus de 80 milliards de dollars en réparations de l’Holocauste. Une partie des négociations annuelles de la Claims Conference comprend également une collaboration avec l’Allemagne pour augmenter le nombre de personnes éligibles à une indemnisation. Cette année, le gouvernement allemand a accepté de reconnaître 27 « ghettos ouverts » en Bulgarie et en Roumanie, permettant aux survivants qui se trouvaient dans ces endroits de recevoir des indemnités.
On le voit, les critères d’éligibilité aux réparations évoluent dans le temps. Ce ne sont donc pas seulement les survivants directs de la Shoah qui en profitent désormais : il est clair que les déportés des années 40, qui avaient donc 20 ou 30 ans dans les camps, donc nés dans les années 1910-1920, ne comptent plus parmi les survivants, ou n’en forment plus le contingent majoritaire.
Les réparations, qui elles n’ont pas bougé d’un shekel ou même augmentent, concernent plutôt des ayants-droits, comme pour une succession. Tout est alors question de souffrance (directe ou directe), de sa définition, dans la négociation qui s’ensuit. On n’ose imaginer le contenu des échanges entre les deux parties sur un sujet aussi délicat !
Le Parisien précise ce comptage pour notre pays et le monde entier :
« En France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah estime qu’il reste 30 000 survivants, qui peuvent faire appel à des associations dotées par la Claims conference. L’organisation affirme financer, dans le monde entier, des soins à domicile pour plus de 83 000 survivants fragiles et vulnérables, et plus de 70 000 survivants avec d’autres services vitaux, notamment la nourriture, les médicaments, le transport vers les médecins et les programmes visant à atténuer l’isolement social. »