Selon des sources bien informées, le prince héritier de l’Arabie Saoudite, Amir Salman Ben Abdelaziz, se rendra aujourd’hui mardi en Turquie où il s’entretiendra avec les responsables turcs sur la Syrie et la formation d’une nouvelle union entre Ankara et Riyad contre l’Iran. Amir Salman Ben Abdelaziz restera deux jours en Turquie où il rencontrera les hauts responsables du pays, dont surtout le Premier ministre.
Le quotidien Al-Arab, qui paraît à Londres, révèle que le prince héritier saoudien aura de longs entretiens, avec la partie turque, sur le dossier syrien et sur la présence des opposants à Assad sur son territoire. Les deux parties se parleront aussi de diverses conférences qui se tiendront sur la Syrie.
Il paraît que les Américains ont retiré le Qatar du dossier syrien, le remplaçant par l’Arabie Saoudite. Dans la foulée, l’Arabie Saoudite a accueilli, il y a quelque temps, George Sabra, président de la Coalition de l’opposition syrienne et un certain nombre d’opposants à Assad.
D’après les sources bien informées, le prince héritier saoudien s’entretiendra avec les autorités turques sur les groupes takfiris, l’interruption des aides destinées aux groupes takfiris et le rôle de la Turquie dans l’ouverture de ses frontières aux individus armés pour qu’ils puissent entrer en Syrie via le territoire turc.
Les autorités saoudiennes se préoccupent quant à la domination des courants takfiris en Syrie car elles ne veulent pas que les évènements, survenus déjà en Afghanistan et en Irak, reprennent en Syrie. Il y a quelques jours, le roi saoudien, Malek Abdellah Ben Abdelaziz, a réclamé l’arrêt de l’adhésion des jeunes Saoudiens aux groupes takfiris.
Les observateurs politiques pensent que de nombreux pays, dont l’Arabie Saoudite et la Turquie, sont préoccupés par les groupes takfiris qui ne lésinent sur rien pour renverser le gouvernement Assad. Il n’est caché à personne que ces groupes n’hésitent pas à perpétrer toutes sortes de crimes pour accéder à leur objectif. En plus, l’émergence des forces proches d’Al-Qaïda en Libye, en Tunisie et au Mali inquiète aussi les pays de la région car il paraît que les leaders de ces nouveaux groupes y sont venus en provenance de l’Irak et de l’Afghanistan.
À présent, la Turquie préférerait soutenir les positions de Riyad, confirmées par les États-Unis et la Russie. Ce soutien permet à Ankara de briser son union avec le Qatar et de s’approcher davantage de Riyad. Par ailleurs, l’Arabie Saoudite pourrait pousser un soupir de soulagement car elle craignait toujours que les Frères musulmans ne prennent le pouvoir en Syrie.
Entre autre, le dossier iranien sera en tête des négociations du prince héritier saoudien avec les autorités turques d’autant plus que les relations qu’entretiennent Ankara et Riyad avec Téhéran sont profondément tendues car ils critiquent l’Iran pour son soutien indéfectible au gouvernement Assad. Il paraît que la Turquie est hostile au soutien de Téhéran à Assad parce qu’elle pense que les éléments proches du gouvernement syrien n’auraient pas perpétré les attentats de Reyhanli si l’Iran n’avait pas apporté un soutien appuyé au gouvernement Assad.
La Syrie a balayé d’un revers de main son rôle dans les explosions de Reyhanli, une zone frontalière entre la Turquie et la Syrie, mais la Turquie reste campée sur sa position et ne cesse d’accuser la Syrie d’avoir commandité cet attentat.
Pour le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, la formation d’une union avec l’Arabie saoudite est la meilleure réaction à une union irano-syrienne pour ainsi saper l’influence de l’Iran en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen.
Épaulée par les États arabes littoraux du golfe Persique, l’Arabie Saoudite s’intéresse à s’approcher de plus en plus de la Turquie pour ainsi resserrer l’étau autour de Téhéran. Les Arabes veulent, en effet, empêcher l’Iran de se trouver de nouveaux alliés dans la région.
Les Saoudiens veulent aussi exhorter la Turquie à passer en revue ses relations avec l’Égypte qui a commencé d’élargir ses coopérations avec l’Iran pour ainsi contraindre le Caire à réviser son réchauffement de relations avec Téhéran.
Les relations Ankara-Riyad sont en pleine croissance depuis quelques années, de sorte que les échanges commerciaux des deux pays dépassent la barre de huit milliards de dollars par an. D’autre part, 350 compagnies saoudiennes ont investi dans les différents secteurs de la Turquie en y apportant 1,6 milliards de dollars de capitaux. De leur côté, les compagnies turques ont investi 938 millions de dollars en Arabie Saoudite.