Emmanuel Macron, ancien élève des bancs de l’ENA, voulait-il marquer les esprits en abattant un symbole de l’élitisme à la française en pleine crise sociale des Gilets jaunes ? Un rapport vient d’être rendu au gouvernement en ce sens.
À l’issue du grand débat national, au mois d’avril 2019, il s’agissait pour le gouvernement de faire un geste envers les demandes des Gilets jaunes : l’École nationale de l’administration (ENA) va disparaître et renaître sous un autre nom, l’École d’administration publique (EAP) à la suite d’un rapport composé par un ancien énarque, Frédéric Thiriez, qui a livré 42 propositions au gouvernement à ce sujet le 18 février.
Concours, programme, classement de sortie... Toutes les cartes semblent rebattues sur le papier. Surtout, certaines mesures concernant les conditions d’accès à cette nouvelle filière d’excellence attirent l’attention : par le biais d’un nouveau « concours spécial », une partie des étudiants sera sélectionnée sur des critères sociaux, c’est-à-dire selon une forme de discrimination positive qui mettra à l’honneur la mixité sociale à raison de 10 % à 15 % par promotion, avec des jeunes « à l’image de la société », conformément au souhait d’Emmanuel Macron lui-même. Il y aura une vingtaine de nouvelles classes labellisées « égalité des chances » sur tout le territoire.
Par ailleurs, la nouvelle formule de l’école mettra fin au classement de sortie, jugé « archaïque », qui conditionnait les attributions de postes à travers la France, ainsi qu’au corps de l’inspection des finances, auparavant considéré comme une voie royale.
Surtout, la fameuse épreuve de culture générale sera abandonnée, car « socialement discriminante », selon le rapport de la mission Thiriez.
Le rapport fustige ainsi : « La démocratisation voulue par les pères fondateurs de 1945 n’est pas au rendez-vous. Les fils de cadres représentent toujours 80 % des promotions et ce chiffre ne baisse pas depuis 30 ans », un état de fait qui favoriserait un « corporatisme funeste » selon le même rapport.