Le méchant ne s’appelle pas Jean-Ed et sa victime ne s’appelle pas Mahmoud, mais ce sont les symboles d’une superbe inversion accusatoire signée mairie de Paris, qui veut tout sauf faire dans le délit de faciès.

Le problème de cette énième énormité de la bande de parasites racketteurs qui gère la capitale, c’est que ce genre d’affiche va inévitablement énerver le Français et produire du racisme. Alors que ça devrait juste provoquer du rejet du gauchisme version Hidalgo, ce qui semble acquis pour les trois quarts des Français.

Évidemment, tous ceux qui seraient tentés de dire que c’est Mahmoud qui vole Jean-Ed tomberaient dans le piège du délit de faciès et de l’amalgame raciste. La preuve par Libération :

« Jean-Edouard le vendeur à la sauvette alors que 100 % sont des Africains. De qui [se moque la] préfecture de Police de Paris ? » a ainsi ironisé le militant identitaire, condamné pour harcèlement en ligne, Damien Rieu. « C’est quoi cette connerie encore ? Les vendeurs à la sauvette du Champ-de-Mars sont à 95 % noirs », a aussi réagi l’ancienne Femen ralliée à l’extrême droite, Marguerite Stern. Beaucoup d’autres internautes ont quant à eux utilisé l’une des expressions favorites de la fachosphère : « Tout le monde sait. » Une formule couramment employée pour sous-entendre que les faits divers seraient toujours causés par les mêmes : les personnes d’origine étrangère.

Or, il n’y a rien de plus violent que le refus du réel.

Dans le genre, on a un champion avec Julien Dray qui livre une information de première bourre sur le glacier de Gaza, comprendre que les Gazaouis sont en vacances et s’enfilent de bonnes glaces comme vous et moi.

Le refus du réel peut être une politique : si le réel est angoissant pour la plupart des gens, et c’est le cas actuellement – terrorisme latent, immigration sauvage, paupérisation accélérée, menace de guerre, trahison européiste, delirium élyséen –, on peut ainsi obtenir un consentement à ce refus, une sorte de consensus autour d’un mensonge.

Droite et gauche se partagent des refus du réel : la droite identitaire ne veut pas voir que la plupart des immigrés ou des étrangers bossent, et bossent dur pour des nèfles, tandis que la gauche socialisante ne veut pas voir qu’une immigration massive représente un danger mortel pour le pays.

On peut dire que chaque camp a ses raisons et ses dénis, sa raison et son déni, qu’aucun des deux camps n’a totalement raison ni totalement tort. Tort et raison sont partagés. La solution se situe évidemment au-dessus de ces oppositions largement contrôlées, et contrôlées par la pointe du triangle (Cerise).

On va le dire autrement : bien sûr que le vendeur à la sauvette c’est plus Bamboula que Bernard, mais le différentiel social entre les deux est générateur de violence. Bamboula va essayer d’entuber Bernard, qui l’entube socialement par sa place dans l’échelle de dominance. Il y a une entube conjoncturelle face à une entube structurelle.

En élargissant la focale, on retrouve quand même en bas les premiers de cordée, ces rameurs sans qui la galère sur laquelle on navigue tous ne pourrait avancer. C’est pour cela que la solution à l’immigration est complexe : les dirigeants néolibs ont fait le choix d’un prolétariat à bas salaires et d’une concurrence sauvage, on le voit dans tous les domaines, par exemple avec la préférence ukrainienne en agriculture.

Au fond, les gauchistes de la mairie de Paris n’ont pas tort, même s’ils ont tort en surface. Mais on peut leur faire confiance : ils n’ont pas fait exprès d’être intelligents.