Alors que Jean-Marie Le Pen sera convoqué le 20 août prochain devant le bureau exécutif de son mouvement et soumis à la question, le parti qu’il a fondé n’a de cesse de donner des gages à la communauté organisée.
Rebondissant sur la polémique déclenchée par la tenue de la journée « Tel Aviv sur Seine », un certain nombre de cadres du FN sont montés au créneau pour défendre l’initiative prise par la gauche parisienne, comme le candidat tête de liste du Front national pour les régionales en Île-de-France, Wallerand de Saint-Just, qui n’a pas de mots assez doux pour défendre le régime sioniste :
« Je ne vois absolument aucun inconvénient à ce que cet événement festif ait lieu. Bien au contraire ! Il est assez incroyable que l’on ne puisse plus, en 2015, organiser de quelconque événement qui touche de près ou de loin à Israël ou aux juifs sans que cela ne soulève des passions, des menaces et des dangers. Les Français de confession juive se sont toujours parfaitement intégrés à notre société. »
L’avocat décrit un « climat déplorable », entretenu d’après lui par des « imbéciles fanatiques », qui font obstacle à toute « manifestation conjointe avec la communauté juive ». Le trésorier du FN, visiblement déjà en campagne, fait part de sa crainte de ne plus pouvoir « se contenter de la police » pour assurer la sécurité de ce genre de manifestations mais de devoir « appeler l’armée »...
L’élu frontiste fustige enfin, les voix qui se sont élevées contre cet élan de sympathie pour la localité israélienne, décrite par le maire de Paris, Anne Hidalgo comme « une ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste » :
« Cette extrême-gauche est folle d’agiter les passions comme elle le fait, ça en devient dangereux ! Cette histoire peut aller très loin, il ne faut pas oublier les débordements survenus lors des manifestations propalestiniennes l’année dernière. Il est nécessaire d’avoir des relations avec l’État hébreu. Je le dis calmement et de manière très apaisée. Israël est un pays comme un autre ! »
Un avis que partage visiblement, le vice-président du FN, Florian Philippot pour qui « annuler Tel Aviv sur Seine serait un signe de faiblesse incroyable ».
Des prises de positions qui ont du réjouir Manuel Valls, qui, souhaitant rester éternellement attaché à son poste de Premier ministre, a exprimé sa solidarité vis à vis des plagistes parisiens qui souhaitent manger des falafels, entourés par une armée de flics :
À noter que l’Association France Palestine Solidarité a interpellé le maire de Paris, l’invitant à annuler l’événement :
« Madame la maire, c’est avec incrédulité que nous avons appris l’opération « Tel-Aviv sur Seine » programmée le 13 août dans le cadre de Paris-plage.
Il ne faudrait y voir, dans la suite de votre voyage en mai dernier, aucune signification politique, mais simplement un sympathique exemple de coopération entre deux villes. L’occasion offerte aux Parisiens de « profiter de la plage et de la douceur de Tel-Aviv », de son ambiance festive et, pourquoi pas, de gagner des produits de la mer Morte…
Mais il y a un hic, Madame la maire. Tel Aviv n’est pas Copacabana et il n’est pas possible de faire comme si cela intervenait hors de tout contexte politique. Nous sommes précisément à un moment extrêmement dangereux : celui de la fuite en avant du gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire, déterminé à développer la colonisation et à faire obstacle à toute solution politique fondée sur le droit.
Alors que le carnage de l’été dernier reste dans toutes les mémoires et que se poursuit le blocus de Gaza, alors que les snipers de l’armée ont carte blanche face aux manifestants palestiniens en Cisjordanie et que les colons fanatiques ont dévoilé jusqu’où va leur idéologie criminelle et raciste, il est urgent pour les dirigeants israéliens de tenter de détourner les regards de ces faits qui chaque jour les accusent.
Il leur faut faire diversion et c’est précisément le cas avec cette opération de communication au goût amer, qui est une bien étrange façon de faire écho aux massacres de l’été dernier.
Comment évoquer la douceur de Tel-Aviv sans avoir à l’esprit le fait que les Palestiniens de Cisjordanie n’ont pas accès aux plages de Gaza ? Que sur ces dernières plane toujours la menace des drones et qu’on peut au loin deviner les bâtiments de la marine de guerre israélienne en charge du blocus.
Comment permettre de distribuer des produits de la mer Morte, elle-même interdite aux Palestiniens, en oubliant que pour l’essentiel ces produits proviennent des colonies de la vallée du Jourdain ?
Madame la maire, nous ne sommes pas dupes de l’objectif recherché par les diverses agences de communication mobilisées pour tenter de redorer le blason d’un État qui tourne aujourd’hui le dos à la paix. Nous sommes consternés par la facilité avec laquelle la ville de Paris semble avoir accepté de s’y prêter et osons attendre de vous une déprogrammation de l’événement.
Je vous prie de croire, Madame la maire, en toute ma considération. »
Taoufiq Tahani, Président de l’AFPS
Une pétition en ligne a été mise en place afin de faire annuler l’événement.