Les bourses au mérite seront divisées par deux. Économie : 630 000 euros. Une misère pour le budget, mais un symbole fort de la médiocratie au pouvoir.
Le ministre de l’Éducation vient donc de décider une diminution de moitié des bourses au mérite, attribuées aux mentions très bien du bac. Je m’étais ému il y a presque un an de l’offensive - finalement avortée, par la grâce de considérations juridiques opportunes - lancée par Geneviève Fioraso qui prétendait consacrer cet argent durement gagné par des lycées performants à une augmentation cosmétique des bourses attribuées sur critère social.
Le gouvernement remet ça. De 1 800 euros, les bourses passent à 900 - une mirifique économie, calcule Le Figaro , de 630 000 euros, le salaire annuel de cinq conseillers du ministère, ou si l’on préfère, 0,00007 % du budget de l’Éducation. Ou 2,4 % de la subvention accordée à la seule Ligue de l’enseignement. Louable économie ! Sûr que cela va se sentir dans la politique de réduction des dépenses publiques… Dis-moi qui tu n’arroses plus, je te dirai qui crèvera.
Bouts de chandelle Rue de Grenelle
Mais personne n’est dupe : les prétextes « sociaux » et le souci budgétaire conduisent le ministère à déshabiller Jean pour habiller Pierre - comme lorsqu’il avait essayé l’année dernière de rogner sur le salaire des professeurs de classes préparatoires pour augmenter d’une aumône celui des enseignants de ZEP. Mais ils dissimulent mal une haine de tout ce qui est un tant soit peu au-dessus de la médiocrité ministérielle.
Il y a pourtant parmi les conseillers de Mme Vallaud-Belkacem d’anciens bons élèves sur lesquels la presse s’extasie. Agathe Cagé, ex-élève des prépas du lycée Thiers, a réussi Normale sup, convoitée en vain par tant de pédagogues doctrinaires, et l’ENA, que sa patronne a vainement tentée deux fois. Elle est, comme le rappelle L’Obs, « l’une des chevilles ouvrières de la fameuse réforme du collège. Celle qui fâche ! » Mais je ne crois pas un instant qu’elle ait pour objectif, comme dit l’hebdomadaire, de « rendre la société meilleure, mieux informée et moins inégalitaire ». Surtout si par « société » on entend plus précisément « l’école ». Elle fait de petites économies. Elle a vendu son âme et ses talents pour quelques picaillons, quand elle avait l’occasion de mettre en place un système qui aurait donné leur chance à tous ceux qui en avaient une sans être nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Chapeau bas.