La vaccination des tout-petits recule en France ! Les ventes globales de vaccins de type DT-Polio (Diphtérie-Tétanos-Polio) par les pharmacies ont baissé de 14,5 % au premier semestre 2015, par rapport au premier semestre 2014, a confirmé ce mercredi à la presse l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), après des révélations du Canard enchaîné à ce sujet. En détail, les ventes de vaccins contre la coqueluche baissent aussi (-14,6 %), pareil pour ceux contre la méningite (-15,1 %).
Une pénurie de longue date
L’hebdomadaire qui cite une note confidentielle transmise par l’InVS à la Direction générale de la santé (DGS), le 28 juillet, apporte deux éléments de réponse pour expliquer cette baisse. Elle serait due tout d’abord à la « pénurie » de plusieurs de ces vaccins dans les pharmacies.
En effet, depuis des mois, certains vaccins (BCG, Infanrix tetra, Infanrix quinta) sont introuvables, en région parisienne notamment. Et ce sont justement ceux contre la diphtérie, le tétanos et la polio, pourtant obligatoires pour les enfants qui vont rentrer à l’école ou à la crèche. Interviewée récemment par Pourquoidocteur, une pharmacienne tirait la sonnette d’alarme, et appelait les pouvoirs publics à réagir, craignant un risque réel de résurgence des maladies ciblées par ces vaccins.
La méfiance grandissante des parents
Par ailleurs, Le Canard enchaîné évoque aussi la défiance grandissante des Français envers la vaccination. Une enquête Ipsos récente révélait en effet que près d’un tiers d’entre eux ne font toujours pas confiance aux vaccins. Pour apaiser ces doutes, Marisol Touraine, ministre de la Santé, va organiser à l’automne 2015, un grand débat public afin de recueillir l’opinion de la population. Le but de cette action serait, à terme, de lutter contre la non-vaccination.
Une bonne idée visiblement, puisque selon une étude américaine publiée dans la revue PNAS, pour convaincre les parents opposés à la vaccination, mieux vaut les informer sur les dangers de la maladie qu’essayer de combattre leurs fausses croyances.
La crainte d’une baisse de la couverture vaccinale
De son côté, l’InVS reste prudent. Contacté par l’Agence France Presse (AFP) le médecin épidémiologiste de l’Institut, Daniel Lévy-Bruhl, justife ce retrait « probablement » par la superposition de plusieurs phénomènes, « en particulier la mise en place en avril 2013 d’un nouveau calendrier vaccinal, avec notamment un abaissement à 11 mois de l’âge du premier rappel ».
D’après ce spécialiste de la vaccination, ll est possible que le recul des ventes de DTP entraîne une « petite diminution de la couverture vaccinale » (à savoir la proportion des personnes vaccinées). Mais on ne peut l’affirmer avec certitude et il faudra attendre les données « plus fines de l’assurance maladie sur les prescriptions de vaccins que l’InVS inclura dans son analyse complète attendue pour septembre », conclut-il.