« Il existe une dichotomie dans le personnel soignant. Les infirmiers ont beaucoup appris au personnel médical sur les mesures d’hygiène, mais en matière de vaccination, il y a un vraiment un blocage historique. » (Bruno Pozzetto, chef du service de virologie du CHU de Saint-Étienne, à France Info)
À peine un quart des doses de vaccin d’AstraZeneca ont trouvé preneurs dans les hôpitaux. Pour le Premier ministre Jean Castex, c’en est trop, ou plutôt pas assez : il a promis, lors de son allocution interminablement ennuyeuse du 4 mars 2021, que la France compterait 20 millions de vaccinés à la mi-mai. C’est un ordre de l’adjudant Cruchot !
Avant cela, Véran avait promis 70 millions de vaccinés à la fin du mois d’août (2021, pas 2027). Il semble que les Français, qu’il s’agisse des soignants ou des « civils », ne suivent pas à la lettre les injonctions des ministres, aussi prestigieux soient-ils.
Castec en VI (version interminable)
Castex en VC (version courte)
La « réticence » des soignants
« Cela va plus loin qu’une crainte des effets secondaires. L’intention vaccinale est fortement liée au niveau de confiance exprimée envers les autorités. Et pointer du doigt une catégorie professionnelle va justement renforcer cette position. » (L’épidémiologiste Judith Mueller)
Et comme toujours avec ce gouvernement malade de dictature, quand la société bloque devant un ordre inique, on fait appel aux professionnels, ou plutôt à la hiérarchie professionnelle pour faire pression. Car on ne peut pas appeler la police pour tabasser les médecins, les infirmières et les aides-soignants, selon la méthode employée contre les Gilets jaunes...
C’est ainsi, en 2020, que des centaines de milliers de médecins n’ont pas pu soigner les Français qui montraient des symptômes de la grippe du laboratoire P4 franco-chinois de Pékin, inauguré en grande pompe par nos élites politico-sanitaires.
Heureusement, le ministre de la Santé Olivier Véran croit en la méthode Coué :
« L’adhésion des soignants à la vaccination va augmenter. Je crois que le temps de la réticence est derrière nous. »
Vu ce que les forces néolibérales ont mis dans la gueule des soignants depuis des années, on n’est pas certains que l’optimisme de l’employé du Big Pharma tienne longtemps. Beaucoup de soignants attendent le ministre au tournant, le couteau entre les dents, à la bolchevique, pas parce que ces soignants seraient contre le vaccin, mais parce qu’ils sont contre la politique de destruction programmée de leur outil de travail.
#LeTopo – AP-HP : mobilisation contre la fermeture de 300 lits d’hôpital#GrandParisNord #hôpitaux pic.twitter.com/Guqktw4zBy
— RT France (@RTenfrancais) March 5, 2021
On sait tous que l’idée des néolibéraux corrompus au pouvoir est d’affaiblir l’hôpital pour, un, faire des économies dans le budget national, et deux, livrer les Français pieds et poings liés à la santé privée, soit l’alliance de fait entre labos, cliniques et mutuelles. La Sécurité sociale, voilà la cible majeure de ce gouvernement.
Et dans ce cadre, l’exemple de l’évolution des soins dentaires est emblématique. Le Monde diplomatique de mars 2021 en a fait un article édifiant :
En 1970, un jeune dentiste d’Autun pris dans le souffle de Mai 68 se lance dans un projet audacieux : ouvrir, en Saône-et-Loire, un établissement de soins dentaires destiné aux pauvres. Bernard Jeault réussit à emprunter de l’argent à une banque et à embarquer dans l’aventure quatre confrères, prêts comme lui à trahir les deux évangiles de leur profession : l’exercice en libéral et la réussite matérielle. Eux travailleront en collectif, avec un équipement mutualisé et pour une paie modeste. Adieu la vie de notable convié dans le boudoir du sous-préfet : socialisation des soins et bonnes dents pour tous !
Mais l’ordre national des chirurgiens-dentistes veillait au grain. Hostiles à l’idée d’un centre de soins à vocation sociale, et paniqués à l’idée que pareille entaille dans le sacro-saint modèle du petit patron dentiste y creusât une brèche menaçant d’ébranler tout le système, les grands sages engagèrent contre Jeault une longue et implacable guerre d’usure. Ruiné, puis interdit d’exercice en représailles à un ouvrage relatant ses déboires avec les « arracheurs de dents », le « dentiste des pauvres » connut le chômage, les minima sociaux et une vieillesse combative, avant de mourir en juillet 2019.
Cinquante ans après son projet torpillé, les inégalités d’accès aux soins auxquelles il espérait s’attaquer demeurent béantes. Leurs dégâts s’observent dès le plus jeune âge. Selon les bilans de santé scolaire en grande section de maternelle, un quart des enfants d’ouvriers souffrent de caries non soignées, contre 4 % seulement des enfants de cadres ; une disparité qui se renforce à l’âge adulte. On estime que plus d’un quart des ménages à faibles revenus s’abstiennent d’aller chez le dentiste par manque de moyens.
Tout est dit ! Ce qui se passe pour les dents touchera bientôt le corps entier, physique et social. Le Premier ministre est en colère, mais le peuple a encore plus de raisons de l’être. Tout à sa rage répressive, Castex convoque les grands chefs de services :
« Une situation jugée "inacceptable" par François Chast, chef du service de pharmacie clinique de l’hôpital Necker. Interrogé mardi sur France Inter, ce dernier estimait que la vaccination faisait "partie des bonnes pratiques", au même titre que "le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins". Ne pas se faire vacciner pourrait même constituer, selon lui, "une faute professionnelle". Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, réclamait ainsi sur franceinfo "que l’on rediscute" de l’introduction d’une obligation pour les soignants. » (France Info)
Ce pauvre Gilles Pialoux, devenu la figure de la dictature sanitaire à la place du pauvre Jean-François Delfraissy (les fusibles sautent de plus en plus vite), plus la peine de le présenter, c’est Karine Lacombe puissance dix dans le genre répression et acharnement contre les Français.
''Un reconfinement est inévitable, on ne peut pas vivre avec ce niveau de pression sur l'hôpital'', indique le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'Hôpital Tenon à Paris pic.twitter.com/EvnrBEuYkX
— franceinfo (@franceinfo) March 1, 2021
Heureusement, face à cet esprit rigide, de nombreux professionnels avertissent du danger ou des limites de la vaccination.
« L’épidémiologiste Judith Mueller, professeure à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), rappelle à franceinfo que les vaccins semblent casser une partie seulement des transmissions – "peut-être entre 30 et 60 %" – et ce, malgré les données encourageantes des grandes études menées en Israël. Dans ces conditions, il n’est pas intuitif "d’obliger les soignants à se faire vacciner et de leur dire de continuer à porter le masque", d’autant que certains se sont plaints d’effets secondaires. »
Naturellement, la vaccination massive des soignants est devenue un enjeu politique, et les syndicats entrent dans la danse.
« Contacté par franceinfo, l’Ordre national des infirmiers rappelle que la vaccination "relève du devoir déontologique" et que l’infirmier doit "toujours agir dans l’intérêt du patient", sans préciser toutefois sa position sur le débat en cours. Interrogé par l’AFP, le président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), Daniel Guillerm, estime qu’il ne serait "pas anormal d’inscrire le Covid à la liste des vaccins obligatoires" pour les soignants. "Je n’aime pas les obligations", ajoute Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), considérant que la vaccination "est plutôt de l’ordre de l’éthique et de l’engagement professionnel". »
Malgré la réticence, pour reprendre l’euphémisme du Véran, d’une grande partie de la société civile, l’Élysée prépare en douce son passeport sanitaire, autrement dit une loi Liberté contre Soumission, ce qui est pour le moins paradoxal :
Après un an de restrictions dictées par les vagues de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement, mis sous pression par ses partenaires européens, qui poussent en faveur de l’instauration rapide d’un passeport vaccinal afin de rétablir une circulation fluide au sein de l’Union européenne, assume désormais de travailler sur les scénarios des mois à venir où pourrait s’imposer un « passe sanitaire ». Un sésame dont se doteraient les Français pour voyager de nouveau librement, donc, mais aussi fréquenter restaurants, bars, salles de sports et lieux culturels, fermés depuis de longs mois. (Le Monde)
L’objectif est de faire passer l’idée du passeport sanitaire dans l’opinion, de la travailler au corps pour que cette saloperie s’impose toute seule et soit presque demandée. Mais le chantage est grossier : si vous voulez « retrouver l’art de vivre à la française », faites-vous ficher à tout jamais... Comme si ça allait ensemble !
Pour autant, l’exécutif craint de voir s’installer trop tôt le débat sur le passeport vaccinal. Alors que seulement 3 millions de personnes se sont vues injecter au moins une dose de vaccin, il serait délicat, juge-t-on, de se projeter trop rapidement. « L’heure n’est pas venue d’un passe sanitaire dans notre pays, ni en Europe, mais de se poser les bonnes questions et d’avancer », estimait, mardi, le ministre de la santé, Olivier Véran, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. « Même si on n’est pas encore dans le tempo, les Français en parlent aujourd’hui spontanément dans les enquêtes d’opinion, souligne Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP. Le sujet s’impose car il représente le moyen pour beaucoup de retrouver notre art de vivre à la française. »
On connaît déjà des restaurateurs qui refuseront de fliquer leurs clients avec TousAntiCovid sur mobile, des clients qui devraient pouvoir revenir en avril, si l’on en croit le petit dictateur de l’Élysée. Quant à ceux qui fliqueront, ils perdront certainement une partie de leur clientèle. On souhaite bon courage aux employés de la dictature face à l’art de vivre à la française, qu’ils veulent, au fond d’eux-mêmes, démantibuler. Car ils ne sont pas français dans l’âme.