L’exercice naval international « Aman-2021 », organisé par le Pakistan, débute ce 11 février, avec la participation de 45 pays dont la Russie et la Chine et des pays membres de l’OTAN, comme les États-Unis et la Turquie.
Organisé par le Pakistan, « Aman-2021 », un exercice naval international, doit démarrer dans la mer d’Arabie ce 11 février et durer une semaine. Fait assez rare pour être signalé, l’exercice inclut les forces navales de 45 pays, dont les États-Unis et la Turquie, membres de l’OTAN, mais aussi, la Russie et la Chine.
Si le coup d’envoi des manœuvres coïncide avec un regain de tensions, notamment entre Moscou et différents gouvernements occidentaux, cette coopération navale était prévue depuis plusieurs mois.
C’est en effet la première fois en dix ans que la Russie participe à un exercice militaire avec des membres de l’OTAN. La dernière fois que les forces navales russes et celles de l’Alliance atlantique ont participé à un exercice conjoint remonte ainsi à une décennie, lors du « Bold Monarch-2011 », qui se tenait au large des côtes espagnoles.
Organisé sous le slogan « Ensemble pour la paix », l’exercice de cette année est organisé par la marine pakistanaise, qui affirme qu’il vise à « favoriser la coopération internationale pour lutter contre la piraterie, le terrorisme et d’autres crimes » constituant une menace pour la sécurité internationale et la stabilité maritime.
« Une poussée diplomatique pour Islamabad »
« L’exercice servira également de poussée diplomatique pour Islamabad », a commenté le lieutenant-général à la retraite Talat Masood, analyste en sécurité basé à Islamabad interrogé par l’agence de presse turque Anadolu. « Le Pakistan montre qu’il a étendu son influence diplomatique au point de rassembler des pays qui autrement sont hostiles les uns aux autres », a ajouté le militaire, qui a servi dans l’armée pakistanaise de 1951 à 1990.
Munawar Hussain Panhwar, professeur adjoint de relations internationales à l’Université internationale Quaid-I-Azam d’Islamabad, a pour sa part estimé que l’exercice conjoint donnerait en outre une impulsion aux efforts d’Islamabad visant à renforcer sa défense et ses liens militaires avec la Russie, alliée de longue date de l’Inde, rivale historique du Pakistan. « Cela pourrait permettre à Islamabad de renforcer davantage les liens de défense et militaires avec ses alliés traditionnels, ainsi que de rechercher de nouveaux partenaires régionaux et internationaux, au moins dans le secteur de la défense », a déclaré ce professeur à l’agence Anadolu.
Même analyse pour Talat Masood, qui, faisant référence à la participation de plusieurs pays d’Asie du Sud et de l’Est, y compris le Bangladesh, a déclaré que « cela enverra à l’Inde le message [selon lequel] le Pakistan n’est pas un pays isolé, mais un partenaire volontaire avec d’autres nations ».
Les relations très froides entre l’Inde et le Pakistan, qui disposent tous deux de l’arme nucléaire, se sont tendues davantage ces dernières années, en particulier après la révocation par New Delhi du statut semi-autonome de la région du Jammu-et-Cachemire, en août 2019.
Islamabad accuse en outre New Delhi de soutenir des combattants basés en Afghanistan et de saboter des projets d’infrastructure tels que le corridor économique Chine-Pakistan. Des allégations rejetées par l’Inde.
La marine russe avait annoncé le 20 décembre 2020 qu’elle participerait à l’exercice « Aman-2021 ». De son côté, l’Alliance atlantique avait précisé à l’AFP au même moment qu’il ne s’agirait pas de manœuvres conjointes. « L’OTAN n’a pas d’exercices prévus avec la Russie. Notre coopération demeure suspendue en conséquence de l’annexion illégale de la Crimée en 2014 », a déclaré une porte-parole, Oana Lungescu, en référence au rattachement de la péninsule approuvé par référendum.
Moscou accuse régulièrement l’OTAN de multiplier les bases et les exercices militaires à ses frontières, notamment dans les pays baltes ou en Pologne. Dans un rapport publié mi-décembre, l’OTAN, bloc militaire créé au plus fort de la guerre froide, considérait que la Russie resterait la principale menace militaire pour l’Alliance probablement jusqu’au moins en 2030.