Une milice armée a investi vendredi le consulat tunisien à Tripoli et a enlevé dix de ses fonctionnaires, a annoncé le gouvernement tunisien qui a dû faire face à plusieurs reprises à des enlèvements de ses ressortissants ces derniers mois.
À la suite de l’intrusion d’éléments d’une des phalanges armées libyennes à Tripoli au siège du consulat général à Tripoli et de l’enlèvement de 10 fonctionnaires de la mission, une cellule de crise a été formée, a indiqué la présidence du gouvernement tunisien dans un communiqué.
Le gouvernement n’a pas identifié les assaillants, alors que Tripoli est sous le contrôle des milices de Fajr Libya. Contactées par l’AFP, les autorités tunisiennes n’étaient pas en mesure de dire où ses ressortissants sont désormais détenus.
Selon des correspondants de l’AFP a Tripoli, le secteur a été complètement bouclé et des forces de sécurité appelées sécurité des diplomates empêchaient les journalistes de s’approcher des lieux ou de prendre des photos.
« Tous les services de l’Etat suivent avec beaucoup d’intérêt et de préoccupation les développements de cet incident, en coordination avec les parties libyennes, régionales et internationales, afin de libérer dans les plus brefs délais l’équipe de la mission tunisienne et garantir leur intégrité physique » a souligné de son côté la diplomatie tunisienne.
Le ministère des Affaires étrangères a par ailleurs dénoncé une violation flagrante de la souveraineté nationale tunisienne et des lois et normes internationales et diplomatiques qui garantissent la sécurité des fonctionnaires et des missions diplomatiques et consulaires
La diplomatie tunisienne a une nouvelle fois appelé ses ressortissants en Libye à la prudence, à quitter le territoire si possible, et à ne pas se rendre dans ce pays dans les conditions actuelles sauf nécessité absolue.
Les ressortissants et intérêts tunisiens sont régulièrement visés en Libye, comme d’autres représentations diplomatiques étrangères. En mai, Tunis avait ainsi négocié pendant une dizaine de jours la libération de 254 Tunisiens détenu par une milice de Fajr Libya en représailles à l’arrestation en Tunisie de l’un de ses chefs.
Un diplomate et un employé de l’ambassade tunisienne à Tripoli avaient déjà été détenus en 2014 en Libye avant d’être libérés.
Un groupe se réclamant de la branche libyenne de l’organisation jihadiste État islamique (EI), en plein essor en Libye, avait par ailleurs revendiqué en janvier l’assassinat de deux journalistes tunisiens, Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée entre différentes milices armés. Deux gouvernements se disputent le contrôle du pays : l’un, reconnu par la communauté internationale, qui siège dans l’est du pays, l’autre à Tripoli sous contrôle de Fajr Libya.