Elle s’appelle Selin Gören, habite près de Mannheim, en Allemagne. C’est une activiste de gauche, féministe, antiraciste et pro-migrants. Violée par trois migrants un soir, elle raconte son histoire.
Comme le dit la voix off de la chaîne publique allemande ARD, Selin se définit elle-même comme « socialiste, antifasciste, féministe ». Elle est la porte-parole d’un mouvement d’extrême gauche de Mannheim appelé Solid, et ne rate jamais une manifestation contre le racisme. Celle qui défend les migrants bec et ongles, a été violée en début d’année par des réfugiés.
Elle est sortie un soir prendre l’air, à une heure du matin, s’est dirigée vers une place de jeux, a remarqué que trois migrants buvaient et discutaient, « en arabe ou en kurde ». Elle a supposé que ces jeunes buvaient un coup dehors car ils ne pouvaient pas le faire chez eux, et elle est repartie.
Elle remarque que les trois jeunes hommes la suivent, pense qu’ils en veulent à son sac à main, mais ils la harcèlent, la font trébucher, la maintiennent brutalement, et l’étranglent pour la maintenir au sol...
Après le viol, elle se rend au commissariat, et déclare... le vol de son sac. Elle raconte à la police avoir eu affaire à un « groupe mélangé », qu’il y avait dedans « des migrants mais aussi un Allemand ». Pourquoi avoir menti, demande la journaliste ?
Parce que Selin a eu peur que cette histoire soit exploitée par l’extrême droite, pour augmenter le niveau de haine envers les étrangers. Un ressentiment qui avait dramatiquement augmenté depuis les événements de la Saint-Sylvestre à Cologne, fin 2015. Elle ne voulait tout simplement pas que son histoire les « booste » d’une part, et d’autre part qu’ils s’aperçoivent que c’était arrivé à elle, « la » gauchiste pro-migrants.
Selin imagine alors les commentaires qu’elle aurait subis... « Regarde-toi la gauchiste, toi aussi tu t’es fait violer par des migrants et des réfugiés. » Ce qui l’a bloquée, en outre, dans son dépôt incomplet de plainte, c’est qu’à Mannheim, des centres d’accueil pour réfugiés avaient déjà brûlé.
Le lendemain après-midi, torturée par sa déclaration mensongère, elle retourne au commissariat, et dit enfin la vérité : elle a été « violée, par des migrants, et il n’y avait pas d’Allemand parmi eux ». Elle pense malgré tout que dans sa première déposition, elle avait de bonnes raisons de mentir aux autorités. La campagne anti-migrants qu’elle redoutait est effectivement devenue réalité : les extrémistes se sont emparés de son histoire.
Selin se demande aujourd’hui ce qu’elle peut faire pour lutter contre ce sentiment anti-réfugiés. Le reportage se termine sur la voix off qui explique que Selin a écrit sur son Facebook « une lettre d’excuse à tous les réfugiés », car elle se sent partiellement responsable des conséquences de sa déposition, et se voit désormais du côté des « oppresseurs », ceux qui auparavant étaient ses ennemis.
Le dialogue est en allemand, les sous-titres en anglais :