La dette, consubstantielle du capitalisme financier, touche tout le monde, les riches comme les pauvres : les pauvres en pâtissent dans le monde dit tiers, leur développement est grippé par l’argent qu’ils doivent à leurs créanciers et bienfaiteurs (sourire en coin ici), mais la dette touche aussi les pays riches, à travers les ménages qui veulent augmenter ou maintenir leur train de vie.
Aux Pays-Bas, pays phare du capitalisme financier européen, et plaque tournante de la défiscalisation (on dit aussi paradis fiscal pour multinationales), les ménages sont encouragés à s’endetter, créant une bulle immobilière qui ne demande qu’à exploser. Le mécanisme est bien expliqué dans ce petit documentaire d’Arte.
Environ un pays sur huit dans le monde consacre des sommes plus importantes à la dette qu’à l’éducation, à la santé et à la protection sociale réunies, alerte un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) publié jeudi.
Ce rapport qui porte sur la Covid-19 et la crise imminente de la dette note que 25 pays dans le monde – dont la plupart ploient déjà sous le poids de la pauvreté et des privations – ont consacré au service de la dette en 2019 une part plus importante de leurs dépenses publiques qu’à l’éducation, à la santé et à la protection sociale réunies.
Selon ce rapport de l’UNICEF, des mesures doivent être prises à l’échelle mondiale pour protéger les dépenses sociales et en particulier le droit de chaque enfant à la sécurité sociale, à l’éducation et aux services de santé.
« Les enfants vivant dans des pays lourdement endettés qui n’ont pas beaucoup de ressources à allouer à la protection sociale, à l’éducation et à la santé ont peu de chances de s’affranchir un jour de la pauvreté et des privations », a expliqué la Directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore.
« Cette situation a d’énormes coûts sur les plans personnel et public et laisse aux enfants, à leur communauté et à leur pays peu d’espoir d’un développement économique et social durable », a-t-elle mis en garde.
Avant la pandémie de Covid-19, les pays ayant les niveaux les plus élevés de service de la dette – dont la Gambie, Haïti, le Soudan du Sud et le Tchad – consacraient au moins 3 dollars à la dette pour chaque dollar alloué aux services sociaux essentiels, souligne le rapport. De plus, le quart des pays à revenu faible ou intermédiaire – où vivent 200 millions d’enfants – sont actuellement surendettés ou risquent de l’être, prévient l’UNICEF.
Recul des budgets consacrés à l’éducation
Bien que les pays du G20 (20 économies les plus importantes au monde) aient adopté une Initiative de suspension du service de la dette allant d’avril 2020 à juin 2021, seul le tiers des pays pouvant en bénéficier y participent. À ce jour, cette initiative a contribué à maintenir le niveau des dépenses de santé et de protection sociale dans les 46 pays participants.
Cependant, les dépenses d’éducation ont déjà été réduites au cours des 12 derniers mois, alerte l’UNICEF. Il est également indiqué dans le rapport de l’agence onusienne que les pays endettés ont revu à la baisse les budgets consacrés à la protection de l’enfance, à la nutrition et aux services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène.
« La pandémie a entraîné une catastrophe mondiale en matière d’éducation, à laquelle il est urgent de remédier pour éviter que la génération de la Covid-19 ne soit une génération perdue », a déploré Mme Fore. « Cependant, du fait de la Covid-19 et du fardeau de la dette pesant sur ces pays, nous observons déjà un recul des budgets consacrés à l’éducation à l’heure où les pays doivent pourtant investir en faveur de l’amélioration des écoles et des systèmes éducatifs ».
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