Même si la probabilité de voir émerger un nouveau parti politique à la droite du FN semble très faible, les propos tenus par Jean-Marie Le Pen semblent agiter les médias mais aussi d’anciens cadres exclus du FN :
Interrogé mardi soir sur France 2, Jean-Marie Le Pen a confié : « Le temps est maintenant celui de la réflexion. Je dois m’interroger sur les possibilités qu’a le courant national de s’exprimer à temps pour sauver notre pays (…) Est-il encore possible de le faire avec le Front national dirigé par Marine Le Pen ? Je ne sais pas ». Interrogé sur l’hypothèse de le voir créer un nouveau parti en conséquence de ce constat, il n’exclut rien : « Je ne sais pas. Je réfléchis ».
Au-delà de la bravade destinée à agacer la direction du parti, la possibilité évoquée par Jean-Marie Le Pen n’apparaît pas totalement fantasque : un espace politique semble s’être progressivement libéré à la droite du FN, en réaction notamment au processus de « dédiabolisation » assumé par la direction du parti en place depuis le congrès de 2011 (...)
Reste tout de même à déterminer un projet politique et à fédérer des troupes qui, pour beaucoup, ont été exclues du FN, avec la caution plus ou moins explicite de Jean-Marie Le Pen (...) « Il semble peu probable que Jean-Marie Le Pen recommence vraiment une nouvelle aventure politique contre le parti qu’il a fondé, à bientôt 87 ans. Mais je crois qu’un espace politique existe, qui s’accroît avec le manque de clarté du FN actuel au sujet d’un certain nombre de nos fondamentaux originels », constate un cadre « canal historique ».
Un constat que partage en partie Bruno Gollnisch, ancien dauphin du fondateur du FN, contacté par le Scan. « Je réclame une clarification de ligne sur un certain nombre de points qui relèvent des piliers idéologiques du parti, et que Marine Le Pen assure ne pas avoir abandonnés. Le trouble ressenti par certains, dans des domaines comme la défense des valeurs traditionnelles, offre effectivement des arguments pour une contestation du FN au sein du mouvement national ».
« Fonder un nouveau parti avec Jean-Marie Le Pen ? Jamais ! Je ne partage pas sa ligne », clame (...) Jacques Bompard, membre fondateur du FN (...) Il convient cependant qu’un parti à la droite de celui de Marine Le Pen a désormais toute sa place. « L’éviction de Jean-Marie Le Pen est un gage du FN au système, et il souffre d’ailleurs par là où il a pêché dans le passé. Mais au-delà de son cas, il existe tout à fait un espace pour la défense des traditions, de ce qui a fait la France et de la famille. C’est ce que nous tâchons de faire à notre échelle avec la Ligue du Sud, mais il pourrait y avoir un projet plus large », assure le fondateur du petit parti régionaliste et identitaire.
Président du Parti de la France depuis 2008, après avoir milité au FN pendant 30 ans et en avoir été exclu par Jean-Marie Le Pen pour s’être opposé à sa fille, Carl Lang participerait lui aussi volontiers à une telle aventure. « Jean-Marie Le Pen pourrait tout à fait impulser la composition d’une nouvelle droite nationale Française. Non pas sur sa seule personne, ça semble difficile à 86 ans. Mais comme élément central d’un dispositif où chacun poserait sa pierre dans une logique de coopération. Si demain nous pouvons nous retrouver, ce serait souhaitable, et il existe un vivier de cadres qui pourraient suivre un tel mouvement (...) ».
Au sein de la direction du FN, la menace brandie par Jean-Marie Le Pen ne semble pas inquiéter outre mesure. « Le Front défend la libre création d’entreprise. Donc s’il souhaite créer son propre mouvement, personne ne peut s’y opposer, il n’y a aucun problème », a ironisé le vice-président du FN Florian Philippot au micro de BFM-TV. « Personne ne suivra Jean-Marie Le Pen dans une démarche qui n’est pas politique, soyons clairs », veut croire pour sa part le secrétaire général du parti Nicolas Bay."