Les professeurs remplaçants de vos enfants ont-ils tous le niveau requis pour enseigner ? Dans son édition du jeudi 3 novembre, Envoyé spécial s’est penché sur le recrutement des contractuels, appelés à intervenir lorsque des enseignants sont absents.
Franceinfo a interrogé Paul Sanfourche, le journaliste auteur de l’enquête, qui explique comment il est devenu professeur de mathématiques pour une classe de collège, une semaine seulement après son entretien d’embauche. Le tout sans maîtriser cette matière.
Franceinfo : Quelle a été votre démarche pour devenir professeur ?
Paul Sanfourche : Les professeurs contractuels sont recrutés sur la base d’un dossier avec CV, envoyé au rectorat. Ils passent ensuite un entretien, un petit test pour savoir s’ils sont compétents. Ils postulent à la fois pour le collège et le lycée. Au total, j’ai envoyé une douzaine de candidatures, dans quatre matières, et j’ai été embauché comme prof deux fois, en français et en mathématiques.
Comment avez-vous réussi à être recruté ?
La première fois, j’ai postulé en français à l’académie de Créteil, celle où les besoins sont les plus importants (avec Versailles). J’avais envoyé mon véritable CV, avec ma véritable identité, en me présentant comme un journaliste en reconversion. Je n’avais pas le diplôme parfait, j’ai fait des sciences politiques plutôt que des lettres, mais ce n’était pas totalement hors de ma portée.
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On a, par ailleurs, décidé de postuler en mathématiques, un domaine où je n’ai vraiment aucune compétence et où je suis très mauvais. Avec mon véritable CV, ça n’a pas abouti. Mais en m’inventant un faux diplôme de commerce, dans une école qui n’existe pas, une académie m’a très vite répondu. L’entretien a été très étonnant : il n’a duré que 11 minutes au total. En huit minutes d’interrogation, j’ai quand même réussi à me tromper un paquet de fois. Ma seule réponse correcte concernait le théorème de Pythagore. Mais à ma grande surprise, il m’a donné un avis favorable pour enseigner au collège, en me disant qu’il faudrait quand même réviser un peu pour le lycée.
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Datalab : la pénurie de profs en France
Le ministère de l’Éducation nationale emploie 717 526 profs et accueille 10 251 800 élèves en totalisant les premier degré et second degré. Sachant que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, sous Nicolas Sarkozy, a supprimé 80 000 postes d’enseignants et que le candidat Hollande a promis de créer 60 000 postes dans l’éducation en cinq ans, manque-t-on encore de profs dans les classes aujourd’hui ?
Côté François Hollande, la promesse a été tenue : les 60 000 postes dans l’éducation ont bien été créés, dont 46 549 enseignants en primaire, collège et lycée. Sauf que 25 938 d’entre eux sont des postes de stagiaires lesquels partagent leur temps entre cours et formation.
Posons la soustraction : 46 549 – 25 938 = 20 611 postes de profs titulaires seulement ont été créés en cinq ans. Conclusion : oui, nous manquons toujours d’enseignants, et ce sont nos enfants qui trinquent.