Une étude parue cette semaine dresse le portrait-robot des ingénieurs formés en France. Parmi eux, 124 000 à travaillent à l’étranger où ils sont en moyenne bien mieux payés que ceux restés en France.
La société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF) vient de publier son étude annuelle sur le profil socio-économique des 780 000 ingénieurs formés en France encore en activité. On y apprend, entre autres infos intéressantes, que 34% d’entre eux travaillent en Île-de-France, que 50% sont basés en province et que 16% vivent à l’étranger (soit 1 ingénieur sur 6). Un chiffre qui progresse légèrement sur les huit dernières années. En 2008, seuls 13% des ingénieurs formés en France travaillaient en-dehors de l’Hexagone.
Ces 124 000 ingénieurs expatriés sont principalement installés en Europe (70 500 personnes), puis sur le continent américain (24 050) et enfin en Asie (17 750). La Suisse est leur principal pays d’accueil, en particulier dans la pharmacie, la banque et l’assurance et la chimie. Ce sont ensuite les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni qui attirent le plus les ingénieurs formés en France, et ce depuis de nombreuses années.
Les jeunes ingénieurs semblent plus attirés par le grand large que leurs aînés. Plus de 18% des moins de 30 ans travaillent à l’étranger, contre seulement 10,7% des plus de 50 ans. Les secteurs de la banque-assurance et de l’industrie sont particulièrement friands de ces jeunes recrues.
La majorité des ingénieurs expatriés sont basés en Europe
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D’un côté, de plus en plus de diplômés quittent la France pour tenter leur chance à l’étranger (pour des raisons matérielles ou non) ; de l’autre, la France tente de former des diplômés à partir de migrants. Ces phénomènes peuvent n’avoir aucun lien entre eux, d’ailleurs, ils ne sont pas comparables du point de vue des effectifs.
Mais on ne peut faire l’économie de l’analyse de cet effet de ciseaux négatif : nos cerveaux quittent-ils la France par opportunisme de carrière ou parce que notre pays devient moins vivable ?
Les étudiants de gauche bien-pensants aident-ils les néo-arrivants par un élan spontané du coeur ou obéissent-ils au règlement sorossien promu par le Système, dont on rappelle qu’il est destructeur de frontières et donc de nations ?
D’aucuns y verront une preuve de plus du fameux « grand remplacement », d’autres une manifestation de la tradition d’ouverture de notre système éducatif.
Nous avons choisi cet article de bastamag.net, qui propose une expérience de formation solidaire humanitaire.
Des étudiants d’universités et de grandes écoles aident les migrants à passer leurs diplômes en France
Depuis la rentrée 2015, des étudiants d’universités et de grandes écoles s’organisent pour soutenir les migrants. L’objectif : aider les jeunes réfugiés à passer leurs diplômes. Sans attendre l’aval de l’administration, ils ont pris les choses en main pour proposer des cours de français, un accompagnement personnalisé, ou pour les aider de jeunes syriens, soudanais ou érythréens à reprendre leurs études. Avec une réussite certaine, puisque le réseau a rapidement essaimé. A partir de la rentrée prochaine, les étudiants du collectif Resome espèrent étendre le succès du réseau dans les villes de province.
Ils sont étudiants dans les universités et dans les écoles supérieures parisiennes. Ils se sont rencontrés lors des mobilisations de l’été et de l’automne dernier pour les migrants, au Jardin d’Éole ou au Lycée Jean Quarré, dans les 18e et 19e arrondissements. Certains étaient déjà des militants syndicaux, d’autres avaient travaillé ou travaillaient sur les questions liées à l’immigration. D’autres encore se sont engagés à cette occasion dans la solidarité. Tous ont en commun d’avoir été témoins d’une situation d’urgence qui les a profondément bouleversés. Les liens créés avec les migrants et leurs soutiens durant cette période, ils n’ont pas imaginés les défaire par la suite.
À la rentrée, ils ont commencé à mobiliser leurs établissements respectifs, puis à y créer des associations, pour que des exilés — sans condition de statut, demandeurs d’asile ou non — puissent suivre des cours de français langue étrangère (FLE), et si besoin reprendre leurs études. La réponse de l’institution a été très variable d’un lieu à l’autre, en fonction aussi du soutien actif de certains enseignants ou de membres du personnel.
En avril 2016, ces différents projets sont rassemblés dans un collectif, Resome, pour « Réseau études supérieures et orientation des migrant.e.s et exilé.e.s ». Un site est créé où paraît une tribune signée par de grands noms de l’université et des grandes écoles, spécialistes en sciences humaines, philosophie et droit pour l’essentiel. La tribune est reprise le 2 mai, dans le journal Libération, au moment précis où les réalisations concrètes commencent à se faire jour. À l’exception de l’École normale supérieure (ENS) de Lyon, l’implication concerne exclusivement une dizaine d’établissements à Paris et en proche banlieue. L’un des enjeux des mois à venir sera de mobiliser en région.
Auprès de Syriens ou d’Afghans
André est étudiant à Paris IV et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), militant dans un syndicat indépendant de Paris-Sorbonne, majoritaire depuis 2014. Il a 26 ans et deux masters en poche, en sciences politiques et en philosophie. Calme et déterminé, il puise une part de son énergie dans la mémoire familiale. Fils d’immigrés portugais, il sait combien ses parents ont dû lutter pour se faire une place en France. Depuis octobre, il travaille avec deux étudiantes, Alice et Solène, à la création d’une classe de français langue étrangère (FLE). Ensemble, ils ont choisi le site de Clignancourt, au nord de Paris, moins engorgé que les bâtiments prestigieux du Quartier latin, plus proche surtout des lieux où se trouvent les migrants. Ils ont décidé d’appeler leur association Infléchir, parce qu’il y avait le sigle FLE à l’intérieur.