Un rapport sur la « fuite des cerveaux » en France, publié mardi, vient souligner les problèmes soulevés par le nombre croissant de Français diplômés qui partent travailler à l’étranger et la spécificité de la situation française.
Les « cerveaux » français sont-ils ingrats avec leur mère patrie ? C’est l’une des interrogations qui ressort de la lecture de la note Préparer la France à la mobilité internationale croissante des talents publiée par le Conseil d’analyse économique (CAE) mardi 17 mai. Les auteurs y soulignent le risque de voir s’établir un schéma néfaste pour l’économie française : des Français très diplômés qui, après leur passage dans un système éducatif gratuit ou presque, sont allé travailler à l’étranger et ont donc contribué à la prospérité d’un autre pays.
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Mais ce n’est pas un mal spécifiquement français... ni forcément un problème en soi. « Le diable est dans les détails », veulent nuancer les auteurs du rapport. D’abord, la France est loin d’être le seul pays à connaître pareil phénomène. Le mouvement de « fuite des cerveaux » est bien plus marqué au Royaume-Uni, au Pays-Bas ou encore en Allemagne.
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Ensuite, le nombre de jeunes étrangers diplômés du supérieur qui s’installent en France est, aussi, supérieur à celui des Français qui partent travailler à l’étranger. Mais ce solde n’est positif… qu’en apparence. Les expatriés français ont, pour 44 % d’entre eux, un Bac + 5 contre seulement 26,8 % des émigrés qui choisissent la France. C’est là que se situe le cœur du problème français, car d’autres pays, notamment anglo-saxons, sont bien plus forts pour attirer ou retenir la crème de la crème des diplômés. Ce « système où les étudiants sont formés gratuitement ou pour pas cher et paient ensuite des impôts ailleurs n’est viable que s’il est compensé par des arrivées équivalentes », explique Étienne Wasmer.