C’est la terrifiante question qui se pose au monde entier devant l’ineffable, l’inénarrable, l’indicible : dans la série de dessins animés français Il était une fois la vie, datant de 1986 et vendue dans le monde entier, les vilaines bactéries gazées par les gardiens de la santé du corps sont-elles assimilées à des juifs ?
Suite à un article du journal suisse 20 Minutes, nous nous sommes précipités sur Netflix pour visionner l’épisode, vous connaissez notre professionnalisme. Pour ceux qui l’ignorent, Netflix est une plateforme de vidéos américaine qui est en train de bouleverser la consommation de cinéma.
La scène incriminée commence à 5’51 dans l’épisode 3 de la saison 1 :
On s’est repassé la scène plusieurs fois, histoire de ne pas fâcher les autorités sionistes promptes à dégainer le 49-3 juridico-communautaire selon lequel « toute plainte même aberrante vaut condamnation directe » (à savoir par cœur), mais on n’a rien vu d’antisémite là-dedans. Il faut alors, selon les Suisses qui ont levé ce lièvre interplanétaire, enquêter sur la version allemande :
« On y voit des globules blancs tuer des bactéries à l’aide d’un gaz bleu. Après l’avoir inhalé, les bactéries toussent et s’écroulent avant de mourir. À un moment, on entend une des bactéries s’écrier “Oy vey gevalt”, une expression yiddish exprimant le désespoir. »
- Les vilaines bactéries font la fiesta et profitent de l’abondance du corps (social) qui les héberge mais rira bien qui rira le dernier !
- Les bactéries après le passage des globules blancs font moins les malignes, hein ?
D’abord, une question : les bactéries parlent-elles yiddish ? Non. Le yiddish, qui était la langue des juifs est-européens jusqu’à 1945, a quelque peu disparu de nos riantes contrées. C’est toute une culture multicentenaire qui a disparu avec ce que Claude Lanzmann appelle la Shoah. Aujourd’hui, c’est l’hébreu qui est parlé en Israël, seuls quelques anciens connaissent le yiddish, qui ressemble à un patois germanique. Et Gewalt, en allemand, veut dire violence.
Dans ce cas, comme les bactéries ne parlent pas yiddish, il faut tabler sur le côté facétieux du traducteur allemand. Ce qui ne fait pas de Il était une fois la vie un dessin animé antisémite, loin de là. À moins que la connaissance du corps et de ses défenses naturelles ne soit considérée comme antisémite, ce qui est tout à fait possible par les temps qui courent, quand on voit la Gewalt médico-médiatico-politique qui s’abat sur le Pr Raoult, coupable d’avoir proposé un protocole bon marché contre la grippe saisonnière.
Casser les prix, est-ce antisémite ?