Après l’assassinat par les terroristes du cinéaste Bassam Mohieddine al-Hussein, le monde du cinéma syrien perd un grand acteur : le Palestinien Mohammed Ahmed Rafea
- Mohammed Ahmed Rafea
Chaque année, durant le mois du Ramadan, le monde arabe avait les yeux rivés sur l’une de ses séries fétiches : Bab el Hara.
Bab el Hara, littéralement « La Porte du quartier », décrivait le mode de vie des Damascènes à l’époque de la domination coloniale française et la lutte du peuple syrien pour son indépendance.
Parmi les vedettes de la série, il y avait le jeune Mohamed Ahmed Rafea, qui campait de rôle d’Ibrahim.
Mohamed Rafea est l’un de ces innombrables Palestiniens fiers de vivre dans un pays dont le gouvernement a toujours fait de la cause palestinienne sa raison d’être.
Le 15 mai 2011, jour de la commémoration de la Nakba, la Grande Catastrophe du peuple palestinien, l’un de ses cousins a été assassiné devant ses yeux par les soldats israéliens sur les collines du Golan.
Mohamed Rafea est l’un de ces innombrables intellectuels patriotes syriens qui, comme le poète Adonis ou l’acteur Zouhair Abdelkarim, ont très vite compris que les revendications populaires légitimes du peuple syrien ont été instrumentalisées et détournées par les pires ennemis de la Syrie.
« Tous les dirigeants arabes nous ont trahis. Le seul qui a toujours défendu la Palestine est le gouvernement syrien », avait récemment déclaré Mohamed Rafea devant la caméra d’une journaliste britannique.
Ses opinions avaient fait de lui la bête noire de l’opposition radicale syrienne.
Vendredi dernier, Mohammed Rafea a été froidement assassiné par une brigade terroriste de l’Armée soi-disant syrienne soi-disant libre (ASL) devant son domicile à Damas sous l’accusation d’être un milicien pro-gouvernemental (chabbiha).
Pour l’ASL, l’accusation d’appartenir aux chabbiha est devenu le prétexte idéal pour liquider tous les Syriens qui ne sont pas de son bord.
Le martyre de Mohammed Rafea et de tous les Syriens patriotes, c’est tout bénef’ pour Israël, les USA, la France, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar.
C’est aussi une claque à la figure des dirigeants opportunistes palestiniens, de Khaled Mechaal, zélateur du régime d’Erdogan, d’Ismaël Haniyeh, courtisan de l’émir du Qatar et de Mahmoud Abbas, qui vient de renoncer publiquement au droit au retour de millions de Palestiniens chassés de leur terre.
Le 4 novembre 2012
Bahar Kimyongur
Bahar Kimyongur est l’auteur de Syriana, la conquête continue, Éd. Couleur Livres & Investig’action, 2011, et porte-parole du Comité contre l’ingérence en Syrie (CIS).