Les combats se sont intensifiés mercredi dans l’est de l’Ukraine, provoquant la mort de plus de 40 civils dans la région de Donetsk, dont la capitale a subi des tirs d’artillerie massifs jusque dans le centre-ville, près du fameux stade du Shakhtar.
Vers 16 h 30 (9 h 30, heure de Montréal), au moins 10 explosions ont ébranlé le centre de Donetsk, ville symbole de la rébellion prorusse, quasiment entièrement encerclée par l’armée ukrainienne. Peu après, une dizaine de camions, de camionnettes et de voitures remplis de combattants séparatistes se sont dirigés à grande vitesse vers les lieux des explosions dont il était impossible d’établir l’origine.
Les obus sont tombés à moins d’un kilomètre du stade du Shakhtar Donetsk, dont l’équipe de football, à de multiples reprises championne d’Ukraine, avait quitté la ville en raison du conflit. Cette enceinte ultramoderne qui avait accueilli plusieurs matchs de l’Euro-2012 est désormais vide.
Près du stade, les façades des immeubles de cinq étages sont éventrées, les vitres ont explosé, la devanture d’un magasin d’informatique est criblée d’éclats d’obus, des arbres sont coupés en deux, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Un photographe a vu un blessé léger, mais aucun témoignage recueilli sur place ne fait état de morts ou de blessés graves.
La mairie avait de son côté auparavant annoncé la mort de neuf civils dans des bombardements des quartiers Petrovski et Kievski (ouest de Donetsk) qui s’ajoutent aux 34 civils tués dans la région de Donetsk en 24 heures.
Plus de 400 000 personnes ont fui
Makiïvka, ville jouxtant Donetsk, est également le théâtre d’intenses bombardements depuis lundi.
« Les tirs ont commencé à 5 h 30 ce matin. J’ai mis mes chaussures et je me suis dirigée vers la porte quand j’ai été projetée par le souffle de l’explosion », témoigne Maria, 81 ans.
À Lougansk, autre fief séparatiste, les combats ont fait rage toute la nuit, selon la municipalité. L’eau, l’électricité et le réseau téléphonique y sont coupés depuis près de trois semaines et les autorités craignent une épidémie de maladies infectieuses en raison de l’absence de l’eau potable et de l’accumulation des ordures.
Un avion des forces aériennes ukrainiennes a de plus été abattu près de Lougansk, a annoncé un porte-parole de l’armée.
Des affrontements ont également eu lieu pour le contrôle de la localité stratégique d’Ilovaïsk, peuplée de 16 000 personnes et située à 29 kilomètres à l’est de Donetsk, dont l’armée ukrainienne a repris la plus grande partie aux insurgés, selon un communiqué de la Garde nationale.
La situation ne cesse de se dégrader pour les civils dont au moins 415 800 ont fui leur foyer, dont 197 400 personnes sont parties en Russie, 14 600 en Pologne et 13 883 au Belarus, a annoncé le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
L’ONU a en outre fait état de plus de 2 000 morts depuis le début du conflit à la mi-avril et, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 5 000 personnes ont été blessées.
Les forces gouvernementales ont resserré ces derniers jours leur étau autour des fiefs des insurgés et cherchent maintenant à isoler des zones sous contrôle rebelle pour « empêcher l’invasion de groupes armés russes ».
Kiev et les Occidentaux accusent en effet Moscou de faire transiter par la frontière équipements militaires et combattants qui viennent renforcer les rangs des insurgés prorusses.
Un dirigeant séparatiste a indiqué avoir reçu des renforts composés de 1 200 hommes entraînés en Russie et de dizaines de blindés, ce qui a été confirmé par le président ukrainien Petro Porochenko. Moscou a démenti ces allégations.
Le convoi russe immobile
Sur le front diplomatique, les présidents russe et ukrainien se retrouveront à Minsk le 26 août pour un sommet régional où seront également présents des dirigeants de l’Union européenne.
Les deux présidences n’ont pas précisé si était prévu un entretien en tête-à-tête entre MM. Vladimir Poutine et Porochenko, qui serait le premier depuis leur unique bref entretien en Normandie le 6 juin.
La chancelière allemande Angela Merkel se rendra pour sa part samedi à Kiev, une visite très symbolique à la veille de la fête de l’indépendance de l’Ukraine.
Le convoi humanitaire de Moscou destiné aux populations de l’Est victimes des combats était, quant à lui, bloqué du côté russe de la frontière pour la septième journée consécutive.
Les autorités ukrainiennes n’ont toujours pas commencé l’inspection des camions sous les auspices de la Croix-Rouge, arguant de l’absence de garanties de sécurité pour son acheminement sur le territoire contrôlé par les rebelles en Ukraine.