À l’occasion de son audition devant une commission du Congrès des États-Unis, le secrétaire d’État américain John Kerry a directement accusé mercredi le président russe Vladimir Poutine de déstabiliser l’Ukraine :
« À Lougansk, à Donetsk et maintenant à Debaltseve, il a rendu possible, encouragé et directement facilité les saisies de territoires pour tenter de déstabiliser l’Ukraine. Le respect des frontières internationales et le fait de ne pas s’emparer d’un territoire par la force et la ruse sont la norme que défendent les nations et qui a été établie depuis longtemps par l’ONU. Et le président Poutine a clairement fait une série de choix qui ont violé tout cela. À ce jour, ni la Russie, ni les forces qu’elle soutient ne (...) remplissent leurs engagements contenus dans l’accord de Minsk du 12 février. Si cet échec [de l’accord de Minsk] se confirme, il y aura des conséquences supplémentaires qui feront monter la pression sur une économie russe déjà affaiblie. »
M. Kerry a passé deux jours à rendre compte des orientations de la politique étrangère de l’administration Obama devant des commissions du Sénat et de la Chambre des représentants au sujet de l’Ukraine, du groupe État islamique et du nucléaire iranien. Son adjoint, Antony Blinken, se rendra en France le 2 mars afin de participer à de nouvelles discussions concernant le conflit en Ukraine.
Le responsable étasunien n’aura visiblement pas apprécié les propos tenus par Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, dans le cadre d’une réunion, lundi, du Conseil de sécurité des Nations unies :
« Nous faisons face à de nombreux exemples de violation des principes fondamentaux de la Charte de l’ONU, tels que l’indépendance et l’égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures ou le règlement pacifique des litiges. Il suffit de rappeler les bombardements de la Serbie, l’occupation de l’Irak sous un prétexte manifestement faux ou les manipulations grossières avec le mandat du Conseil de sécurité qui se sont soldées par des destructions et un chaos incessant en Libye. Tout cela est la conséquence des tentatives de dominer les affaires internationales, de diriger tout le monde et partout, d’utiliser la force militaire de manière unilatérale pour promouvoir ses propres intérêts, et va évidemment à l’encontre des principes fondamentaux de l’ONU. »
Toujours sur le terrain diplomatique, Laurent Fabius a fanfaronné sur la radio de propagande d’État, France Info, affirmant que l’accalmie constatée depuis vingt-quatre heures sur la ligne de front à l’est de l’Ukraine était le résultat de la fermeté occidentale, cela au lendemain d’une rencontre à Paris avec ses homologues russes, allemands et ukrainien :
« On a dit clairement aux Russes que s’il y avait une attaque des séparatistes en direction de Marioupol, les choses seraient complètement bouleversées, y compris en termes de sanctions ! »
Il s’agit en fait d’une volonté des séparatistes, tentant, en respectant la trêve, comme l’a fait savoir Edouard Bassourine, commandant adjoint de la milice populaire de Donetsk, de mener des négociations avec Kiev afin d’obtenir sans combats le contrôle de Marioupol.
Cependant, le régime ukrainien ne souhaite pas laisser les séparatistes jouir de leurs nouvelles conquêtes et au lendemain d’un voyage du président Porochenko à Abou Dabi pour l’achat d’armes, c’est au tour du ministère ukrainien de la Défense de réclamer de l’OTAN une aide à la formation des sous-officiers. Après le Royaume-Uni, c’est la Pologne qui répond positivement à la demande de Kiev.
Le général Boguslaw Pacek, responsable de la formation au ministère polonais de la Défense, revenant d’une visite dans deux centres de formation en Ukraine, a confirmé les intentions de son pays et précisé que quelques dizaines d’instructeurs seraient déployés dans les prochaines semaines en Ukraine.