L’armée israélienne a mené pendant 48 heures à Jénine son opération militaire la plus étendue depuis la deuxième intifada, avec aviation et chars, jetant sur les routes plus de 3000 Palestiniens. Pourtant, cette guerre ne suscite que peu de réactions internationales, contrairement à la mobilisation permanente en faveur des Ukrainiens. Ce double standard mine le discours sur l’universalité du droit international.
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C’est bien ainsi, également, que la présente Emmanuel Macron, chef de l’État français, qui ne reste jamais plus de quelques jours sans redire, par-delà quelques tergiversations, son plein soutien à l’Ukraine, au diapason des autres leaders européens et américain. S’il y a tout lieu de se féliciter de cette sollicitude, on peut tout de même regretter que d’autres guerres, tout aussi odieuses, ne bénéficient pas de la même attention constante et soutenue. Et qu’une fois encore, l’invocation du droit international soit à géométrie variable.
Qui a le droit de résister ?
C’est le cas, notamment, de celle, interminable, que l’armée israélienne mène depuis de longues années contre les populations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, où vivent environ 5,2 millions d’habitants dont le seul tort est, semble-t-il, d’exister. La comparaison n’a rien de saugrenu : il existe, par-delà leurs caractères propres, des similitudes entre ces deux situations. Mais leur traitement est pour le moins très différencié.
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Autre double standard : nul ne songe à nier que le président ukrainien, à qui la France livre régulièrement des armes depuis le début de l’agression russe, est pleinement fondé à résister et à exiger le retour aux frontières internationalement reconnues de son pays. Mais c’est en vain que l’ONU demande depuis 1967 la restitution des territoires palestiniens occupés cette année-là par l’armée israélienne, et du plateau du Golan. Personne, au sein de la « communauté internationale » ne songe à livrer des armes à la résistance palestinienne, régulièrement dénoncée comme « terroriste ». Et on demande aux Palestiniens de faire des concessions, alors qu’on salue l’intransigeance du pouvoir ukrainien.
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Des morts qui ne comptent pas
Selon Kiev, « au moins 485 enfants ukrainiens » ont été tués depuis le début de l’invasion russe. Ce bilan effroyable soulève une indignation légitime, et les auteurs de ce massacre sont regardés à juste titre comme d’infréquentables bourreaux. Mais cette indignation est encore une fois à géométrie très variable. À la toute fin de l’année 2008, l’opération « Plomb durci » contre la bande de Gaza durant laquelle l’armée israélienne a commis selon l’ONU des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité » avait fait 1315 morts palestiniens, dont 410 enfants.
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Banales péripéties
Les médias français ont très rapidement évacué ce qu’ils considèrent donc comme une banale péripétie ; rien qui puisse les détourner des « directs » journaliers consacrés jour après jour à la guerre de Poutine en Ukraine. Le 20 juin, Le Monde consacrait tout de même un édifiant article à cette information passée largement inaperçue : « Le gouvernement israélien fait un pas important vers une annexion de la Cisjordanie ».
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